Continuons mon analyse des routes ibériques pour nous intéresser maintenant à leur revêtement. Les lecteurs assidus auront remarqué que je peste souvent contre les équivalents de nos agents DDE pour leur négligence à me bâtir une route plane comme le verre.
Le point culminant de mon agacement sera atteint au Nord du Portugal où certains petits villages n’ont pas encore eu accès à une belle route macadam et me font subir (ainsi qu’à mes bagages) de véritables tremblements de terre. Chaque fois, le concert de ma popote transformée en maracas et de ma transmission en contrebasse, portait à mes oreilles une douce cacophonie visant peut-être à soulager la douleur dans mes avant-bras crispés sur un guidon vibrant lui au sens propre. Car je ne vous parle pas ici des jolis petits pavés bien soignés, propres sur eux et civilisés de nos centre-ville français mais bien du pavé viril, abrupt et rugueux, équivalent lusitanien de notre tranchée d’Aremberg… Je m’étonnais même qu’aucun Portugais n’est jamais figuré au palmarès de Paris-Roubaix (étrange d’ailleurs que le cyclisme pro soit si confidentiel au Portugal et si développé en Espagne). Alors, oui certains villages ont fait un effort et versé le macadam directement sur les pavés : bilan catastrophique pour le cyclotouriste, effet tôle ondulée garantie (pour les puristes, le bosselage cause une entrée en résonance de tout ce qui compose votre vélo à vitesse modérée). Je souhaite être impartial et saluer également que d’autres villages possédaient des revêtements absolument superbes. Comme par hasard souvent les chefs de « Concelho » qui visiblement répartissent équitablement les impôts locaux !
Des pavés, j’en ai bien sûr croisé aussi à Lisbonne où ces petits cubes blancs et noirs constituent une tradition millénaire conservée aujourd’hui en dépit de toute considération économique. Réalisez que chaque rue et chaque trottoir en est couvert et que de leur taille à leur pose minutieuse, tout est réalisé à la main ! Un travail de fourmi perpétuel et incommensurable d’un million d’habitants… Pas étonnant alors que je délaisse mon vélo une journée pour visiter la ville à pied, les dénivelés y étant également pour moitié !
Enfin, ce qui ne me manquera pas, autant au Portugal qu’en Espagne, ce sont les fameuses « bandas sonora » ou « banda rugosa » ou appelez ça comme vous voulez mais pour moi ça restera la plaie des routes ibériques. Il s’agit ni plus, ni moins de dos d’âne placés à intervalles réguliers dans chaque village (même une fois dans un village pavé du Nord du Portugal, la combo magique). Ce sont le plus souvent, des plaques d’acier vissées dans l’asphalte au rayon de courbure très serré. Impossible de les franchir plus rapidement que 10km/h sans voir la totalité du contenu de mes sacoches se répandre sur le route ! Elles sont d’autant plus frustrantes qu’au pays basque, elles sont placées prioritairement en bas de belles descentes. C’est ainsi qu’à la vue de ces jolies hachures jaunes et noires, je me crispe violemment sur les freins pour faire chuter ma vitesse de 40 à 10 puis me fait gentiment aplatir le popotin sur la selle pour ensuite relancer la machine à la force des cuisses. Et 200m plus loin, rebelote ! Relance, freinage, relance, freinage, relance… Sur un vélo classique c’est déjà usant alors quand il faut chaque fois relancer toute la masse de mes bagages, ça fait un peu râler (doux euphémisme tellement il m’est arrivé de pester contre ces âneries uniquement pensées pour les automobilistes).
1 janv. 2010
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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.

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