8 avr. 2010

La culture polonaise

Petit déjeuner complet pour démarrer la journée : charcuterie, thé, soupe de légumes et pain complet. Cette nuit j’ai compris pourquoi Andrejz était réticent à me laisser entrer dans la maison. Le patriarche est fort porté sur l’alcool et a beuglé toute la nuit. Je n’ai pas très bien dormi, mais ce matin j’ai la pêche car le soleil est de retour. Ma route démarre tranquillement par 10km de plat. Je ne les apprécie pas à leur juste valeur, car ce seront les seuls du jour mais je ne le sais pas encore !
Pour rejoindre Cracovie, je suis obligé de passer par de petites routes car la E77 est une quatre voies interdite aux vélos. Je commence alors à grimper sur des collines très abruptes et difficiles à franchir. Mais ce beau soleil me permet d’apprécier chaque petit village et son église toujours aussi bien entretenue. L’envie de découvrir enfin Cracovie, la cité des rois de Pologne, me donne des ailes en cette fin de matinée. Enfin je descends vers la vallée de La Wista et Cracovie se dessine à l’horizon. La ville est quadrillée par de multiples pistes cyclables et atteindre le centre est un vrai plaisir. J’arrive au pied du château et je suis déjà subjugué par la beauté du site. Dans un méandre du fleuve, un petit parc ombragé et au dessus le château domine la ville sur son rocher. L’architecture est splendide : murailles d’enceinte en briques rouges ponctuées de tours de garde carrées, elle-même surmontées d’incroyables charpentes couvertes de tôles de cuivre. A l’intérieur, on trouve la cathédrale.
Elle est indescriptible tant les détails des ornements sont fins. Elle comporte deux gigantesques flèches et de multiples autres petites tours ou dômes dorés à l’or fin. Le cadran de l’horloge vert et or est sublime. La visite de la cathédrale me laisse sans voix. Les fresques au plafond, les tapisseries et surtout le cœur sont d’une finesse inimaginable. Tout est rouge, noir et or. On y trouve de multiples autels mais le plus saisissant est sans doute le crucifix en marbre noir, ébène et bronze. Il s’en dégage une puissance sombre qui me touche au plus profond de moi-même. La cathédrale abrite les tombeaux des rois et de l’unique reine de Pologne. Je ressors de ce lieu saint avec une ferveur reboostée pour des années. Le château présente aussi de jolis bâtiments anciens et une place carrée bordée d’arcades peintes aux couleurs des blasons de la Pologne. Bref tout en ce lieu me comble.
Je continue ma visite du centre en me dirigeant vers la place du marché. Cette place blanche et grise resplendit sous le soleil. Les façades sont superbes et l’architecture plutôt baroque. Dommage que le marché soit en rénovation. Pour me consoler je peux contempler la tour de l’horloge et son cadran doré. Il y a aussi la cathédrale Ste Anna qui ferme magnifiquement cette place. Du reste, le nombre d’églises est ici aussi impressionnant qu’à Rome ou à Venise. Je mange au soleil, au bord du fleuve comme beaucoup de polonais venus profiter du beau temps pour leur pause déjeuner.
En repartant, je poursuis sur les pistes cyclables et je me laisse emporter par mon euphorie. Encore une erreur d’orientation qui me coûte 15km ! Ca fait beaucoup ces temps-ci. La sortie de la ville est un peu plus compliquée car je cherche une toute petite route qu’aucun panneau ne m’indique. Ma boussole à la main, je finis par trouver mon chemin. Je retourne dans la campagne sur un terrain très proche de celui de ce matin. Beaucoup de collines et de vert. Je profite du beau temps pour entamer mes séances d’UV : cuissard et manches courtes.
A Proszcwice, l’église en briques est trop belle pour que je ne m’y arrête pas. Une longue pause qui me coupe l’envie de repartir. Je cherche un endroit où dormir et rencontre un autre Andrejz qui me conduit chez les sœurs. Mais celle-ci sont méfiantes et ne veulent pas accueillir un homme dans le couvent. Finalement le hasard veut que nous rencontrions Mme Motyssek qui m’ouvre d’abord sa porte pour une collation. Nous discutons longuement en compagnie de sa fille Karoline qui traduit de l’anglais au polonais. Le repas est gargantuesque : charcuterie, pâtes, œufs brouillés, thé délicieux et surtout pâtisseries qui vaudraient une étoile au guide Michelin. Mme Motyssek me propose alors de dormir à la maison et j’accepte bien volontiers. Plus tard Malgorza nous rejoint. Elle a vécu vingt ans en France. Nous bavardons toute la soirée de thèmes très intéressants tels que la ferveur polonaise et l’histoire ô combien douloureuse de ce pays. J’apprendrai énormément de choses sur la culture polonaise et le fait est que je suis déjà en train de tomber amoureux de ce pays fantastique. Je vais me coucher repu et très heureux de cette journée riche et intéressante.

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
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C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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