Je quitte Julian après un bon petit déjeuner partagé. Je me demande pourquoi ce sont toujours les plus pauvres qui m’offrent le plus. Je reprends la route défoncée de Gaesti et je comprends tout de suite qu’aujourd’hui encore je vais avoir droit au vent de face. J’avance vers Pilesti dans cette immense plaine que je traverse depuis plusieurs jours. Le soleil est toujours à mes côtés et si les premiers kilomètres sont encore un peu frisquets, il ne tarde pas à me réchauffer.
A Topoloveni j’entame les 20km et à ma droite se dessine la première colline. On approche doucement des Carpates. La route se vallonne pour atteindre la ville et les champs laissent place à de grandes forêts brunes et vertes foncées. Pilesti est agréable, on y trouve un joli monastère en périphérie. Je m’arrête dans un parc du centre et prends du temps pour partager quelques instants avec les anciens qui se donnent rendez-vous ici pour jouer au backgammon sur des vieux cartons. Je ressors plein nord et admire un instant le paysage que je vais devoir affronter pour cette fin de journée. C’est de la belle montagne, pas trop haute mais qui promet tout de même de me mettre à l’épreuve. Nous sommes dimanche, partout les camions circulent et il y en a un nombre considérable sur cette route. Non contents de me souffler leurs toxines au visage, ils me projettent des graviers. Il faut dire que cette route est très dégradée. C’est une sorte de lapidation ou grenaillage que je subis en cette fin de matinée.
Je m’arrête pour manger à Draganu au pied de la première côte. J’ai besoin d’énergie pour la suite. La route s’élève en épingles au milieu de la forêt et ces fameux camions semblent avoir autant de peine que moi pour atteindre les sommets. Je suffoque sous cette chaleur printanière mais profite de belles descentes pour récupérer et admirer ce relief. Cela m’avait un peu manqué malgré tout. Cet après midi sera assez physique et après Moraresti, je suis content d’avoir droit à une grande descente vers la vallée d’une rivière. La route la longe pendant quelques kilomètres, puis repart dans les montagnes. Je n’ai pas la force de continuer! Je m’arrête dans un petit village à Milcoiu.
J’ai l’impression d’être un extra-terrestre pour les gens de cette campagne reculée. Personne ne veut me parler. Pour finir, je rencontre Jimmy et Mikail, deux adolescents qui ont prévu une fête dans la maison de leurs grand parents. C’est un anniversaire. En attendant le soir, nous jouons au foot dans une prairie et discutons en anglais de la vie des jeunes roumains et de leur avenir. Pas évident de vivre ici, le salaire minimum ne dépasse pas 200 euros et les prix sont peu éloignés de ce que l’on voit en France…Nous partons acheter de quoi manger et boire pour ce soir, puis d’autres jeunes se joignent à nous. La soirée peut commencer ! Bières et cacahuètes sur fond de musique électronique. Ca durera tard dans la nuit et je me couche à 1h du matin. Je suis éreinté et demain m’attend le gros morceau : la traversée des Carpates !
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