Je pars de Sreditze après avoir partagé un café avec Marius, le maire de la bourgade. Les femmes arrivent dans le bâtiment communal et m’offrent un énorme pain et de la confiture à la prune. Il faudra que je mange tout ce stock de nourriture, accumulé grâce à la générosité des bulgares et qui alourdit mes sacoches. La route vers la frontière ressemble à celle de la veille, des cultures qui s’étendent sur des centaines d’hectares. Il n’y a guère qu’à Bogorovo qu’un cours d’eau a découpé une colline en deux pour m’offrir une jolie vue sur le village qui s’étend sur les deux rives. Pour le reste, je roule vers Silistra, vers le Danube et vers la frontière roumaine. Ce qui me tourmente, ce sont mes ennuis intestinaux. Si je plaisantais il y a quelques jours, désormais cela m’inquiète au plus haut point. Ma diarrhée aigue qui me vide les intestins m’oblige à m’arrêter toutes les 1/2h et je dois faire bien attention à boire beaucoup d’eau pour éviter la déshydratation. Au moins ce n’est pas douloureux. Si j’ai mal aux fesses, c’est avant tout la faute des routes bulgares qui ressemblent davantage à un champ de bosses qu’à l’image que je me représente d’une route.
Arrivée à 10h30 à Silistra. La ville est immonde, il s’agit ni plus ni moins d’un alignement de blocs de béton de différentes largeurs et hauteurs mais toujours de la même couleur : gris. Je me dirige vers le poste frontière et regrette déjà la Bulgarie. L’accueil aura été formidable, je n’aurai dormi qu’une nuit dehors en traversant tout le pays du Sud au Nord. Je n’aurai pas encore percé tous les mystères de leur alphabet si particulier mais la communication aura été moins chaotique que prévu.
Entrée en Roumanie où je découvre que les deux rives du grand Danube appartiennent à la Roumanie. Je cherche le pont, mais il n’y en a pas. C’est un bac qui me fera traverser un fleuve si large que l’on distingue difficilement l’autre rive. Contrairement à la valse du même nom, il est loin d’être bleu ! La zone d’embarquement est une mare de boue qu’il faut franchir. Le vélo en ressort couvert d’une couche incroyable Je nettoie tout ça en attendant le bateau pendant plus d’une heure. Ce contre temps ne m’arrange pas car le vent se lève et il ne m’est toujours pas favorable. Un petit tour de bateau plus tard et me voilà dans une immense plaine, celle du Danube. C’est encore plus plat que la Bulgarie et le vent y souffle avec une force terrible. Pas moyen de s’abriter.
L’état des routes est à peine meilleur mais il faut rester sur ses gardes. Par contre les roumains roulent vraiment dangereusement…Je traverse quelques villages qui me surprennent par leur organisation. Les habitations, très modestes, bordent la route, mais il n’y a aucune rue transversale. Il y a des maisons sur des kilomètres, il faut parfois faire 7 à 8 km pour traverser un village. Les gens d’ici vivent dans une pauvreté qui fait froid dans le dos. Les ordures sont partout et les conditions d’hygiène me font bondir. C’est encore plus saisissant que ce que j’ai vu à la frontière albanaise. La voiture est un luxe et on se déplace davantage en voiture à cheval, en vélo ou simplement à pied en tirant d’énormes charrettes à la force des bras. Les habitants cultivent chaque lopin de terre jusqu’aux bas-côtés de la grande route où passent en trombe les camions et les voitures. La pauvreté est telle que je ne me sens pas tellement en sécurité.
Je préfère aller demander à la marie de Dorrobantu pour trouver où dormir. On me dégotte une petite cabane sympathique. Puis je rencontre Alexandru qui est un cycliste amateur. Mon aventure semble le fasciner, alors il se met en tête de me trouver un meilleur endroit pour dormir. Au final il m’indiquera la route jusqu’à Monastirea (6km dont je me serais bien passé vu mon état de forme). Nous roulons jusqu’au bord d’un lac superbe où son frère Nicolas possède une cabane de pêcheur. Diner de soupe de poisson et de poissons grillés en discutant de voyages et d’aventures avec Alexandru dont le français est remarquable. Nous nous couchons assez tard et mes intestins me chagrinent toute la nuit. Le froid n’arrange rien et en prime un mal de dent qui m’empêche de dormir. J’ai l’impression de me déliter petit à petit. Le voyage me ronge la santé et je commence à croire que tout cela est peut être de la folie comme tout le monde me le répète…
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