19 mars 2010

Avancer coûte que coûte


La nuit a été difficile, mais je fais bonne figure devant mes hôtes qui sont d’une générosité immense. Un bon petit déjeuner bien protéiné et je repars sur la route de Bucaresti. Nicolas m’a encore offert du pain, des fruits et de la couenne de porc. Lui repart pécher en compagnie de Bitce, un enfant déshérité du village qu’il a pris sous son aile. Leur vie simple me fait envie : pêcher, manger et dormir. Mes troubles intestinaux sont encore plus vigoureux aujourd’hui. Les médicaments que je prends depuis 2 jours ne semblent rien y changer. L’heure est grave. En plus ils me provoquent des effets secondaires de somnolence qui me coupent les jambes. Ajoutez y le vent qui ne me lâchera pas de la journée et vous comprendrez peut être ma mauvaise humeur. En ce moment, il y a toujours quelque chose qui ne va pas et je broie du noir. Seule l’idée de retrouver mes parents à Budapest me motive pour avancer. Le froid est saisissant et ce vent me glace les os. Les villages traversées se ressemblent tous. Ils n’ont pas vraiment de centre et s’étirent le long de la route. Au moins ils m’abritent du vent. Je m’arrête devant l’église de Budesti pour manger et faire une sieste. J’en avais grandement besoin.
L’étape d’aujourd’hui est terriblement difficile. Heureusement que je suis dans une plaine sinon je n’aurais pas pu avancer bien longtemps. Je raccourcis mon parcours pour cet après midi car je suis à bout de force. J’aurais aimé m’arrêter à Frunusari, mais il n’y a rien qui me convienne pour cette nuit. Le village est plein de tziganes et ça ne me dit rien qui vaille…Forcé d’avancer encore face au vent. Les jambes sont molles et le moral au plus bas. J’atteins la grande banlieue de Bucarest. Impossible d’aller plus loin sans entrer dans la ville. Je trouve une usine désaffectée pour la nuit. C’est loin d’être le plus beau bivouac de mon voyage, mais je suis à l’abri du vent. Je mange de la semoule bien compacte pour colmater mes intestins, puis vais me coucher à la tombée de la nuit. Je porte la majeur partie de mes vêtements pour combattre le froid qui promet d’être rude…

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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