Quel accueil dans ce monastère ! Le moine Serguei aura été aux petits soins pour que je ne manque de rien. Avant de partir nous discutons un peu de l’importance des icônes dans la religion orthodoxe. Celles du monastère sont absolument hypnotiques. De couleurs sombres, ces icônes dégagent pourtant une lumière tout à fait intrigante. Elles doivent servir à concentrer notre attention sur la prière et la foi. Serguei ne me laisse pas partir sans m’offrir un peu de pain, de pizza et deux pots de confiture à la cerise et aux figues. Dès la sortie de la ville, je m’empresse de transvaser le nectar dans des boites plastiques, problème de poids oblige !
Pour démarrer la journée, j’ai droit à une route superbe dans un marais de roseaux qui occupe la côte de la Mer Noire. On y croise de nombreux oiseaux dont quelques cigognes qui, comme moi, profitent du soleil. Cette zone semble être une véritable réserve naturelle un peu à l’image de la Camargue. Sur les conseils de Serguei je bifurque quelques instants dans la ville de Nesebar. Je découvre alors une petite cité construite sur une presqu’île et dont les bâtiments datent de 500 ans après JC. Entièrement en pierres grises avec des colombages en bois, c’est absolument magnifique.
Je reprends dans le marais, puis arrive à mon col quotidien. Il y a 9km à monter et quelques épingles bien pentues. Cela ne sera pas une partie de plaisir, je sue à grosses gouttes et je dois m’arrêter plusieurs fois pour reprendre mon souffle et mes esprits. En Bulgarie, la moindre côte est bien plus difficile qu’ailleurs, car le revêtement est tellement pourri qu’il faut redoubler d’efforts. Je retrouve la neige en quantité importante sur la forêt qui recouvre ces montagnes. Entre les arbres, je peux apercevoir la Mer Noire qui scintille au soleil. C’est très joli et ça motive pour monter toujours plus haut.
Au sommet, la route contourne la crête et m’offre 4 km sublimes à flanc de montagne où je peux contempler le relief couvert de neige. C’est étrange, mais ces paysages de neige me rappellent ma Franche Comté natale. J’inspire à pleins poumons cet air frais de liberté qui m’envahit. Je suis simplement heureux de profiter de mon voyage, cet instant est très fort et particulier. Il y en a eu quelques uns comme cela où l’esprit se vide de tous les tracas et où l’on profite simplement du moment présent à 100%.
Descente vers Byala par de belles collines boisées. Le terrain est vallonné et ne me permet pas de me reposer comme je le souhaiterais, d’autant que le vent me fait face. Pause déjeuner dans la ville qui donne sur la mer. Une petite cité balnéaire qui hésite entre tourisme et agriculture traditionnelle. Choc des genres lorsque les charrettes à bœufs chargées de ballots de paille passent devant les immenses complexes hôteliers. Il y a vraiment deux Bulgarie bien distinctes et qui se côtoient au quotidien, celle qui a su profiter de l’ouverture à l’UE et celle qui reste très repliée sur elle-même. La seconde étant beaucoup plus accueillante que la première ! Cet après midi j’ai les jambes dures à cause des efforts de ce matin. Le terrain n’est pas favorable, ça ne fait que monter et descendre sur ces collines tantôt boisées et tantôt dégagées aux quatre vents. Mais droit à celui du Nord qui me fait enrager.
Courte pause à Staro Orihovo, gros village typiquement bulgare avec ses maisons construites à la va-vite, ses rues en terre battue (ou boueuse) et sans aucun espace vert ni même une petite place du village. Cela semble triste mais les gens d’ici semblent satisfaits de leur sort. Je continue un peu en me motivant pour avancer à chaque coup de pédale. Je suis crevé ! Allez, c’est bon pour aujourd’hui, je prends la première route à droite en direction du village de Bilnatsi.. Pas évident de trouver où dormir, les gens d’ici sont assez craintifs. Après quelques tentatives infructueuses, je rencontre finalement Elsa qui m’indique une maison abandonnée. Ca fera l’affaire. Elle m’apporte aussi du pain, de la fêta et des coings au sirop. En attendant la nuit, je m’ennuie un peu et il commence à faire froid. Je me rappelle les paroles de Cicio « le feu est une présence ». Je trouve quelques planches et quelques briques et c’est parti pour un beau brasier qui me réchauffe. Avant de m’endormir je repense à ma journée : du plat, des cols et des collines !C’était très varié…
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