5 févr. 2010

Neige au sol et pluie dans le ciel

Marco est pâtissier et le petit déjeuner est un délice de croissants, chaussons aux pommes et autres pâtisseries italiennes. A noter que la pâtisserie en Italie est particulièrement excellente, les sablés sucrés ou salés sont un régal. Le temps est couvert et je m’attends à prendre la pluie à chaque instant. Alors je roule assez fort pour parcourir le maximum de kilomètres dans la journée. Je traverse d’abord Senigallia et son port de pêche où les chalutiers déchargent leurs cargaisons de poissons. Le phare est tout en pierres d’ocre et joliment décoré par des sculptures sur le thème de la mer. La côte se refait plage jusqu’à Faro. Elle est ponctuée de quelques petits villages de bord de mer, sans doute touristiques en été, mais complètement déserts en cette saison. Une ambiance de village fantôme dans le brouillard qui commence à tomber. Faro est une grande ville et le centre fortifié est agréable à visiter avec ses petites rues pavées très étroites et son mur d’enceinte bordé de belles tours de gardes et de bastions. Vient ensuite Pesaro, la capitale de la province. La ville n’est pas immense, mais les boulevards sont gigantesques. Les tas de neige sur les parkings sont impressionnants. Lorsque j’étais à Lésina, Primiono m’avait prévenu que c’était l’apocalypse à cause de la neige et que tout était bloqué. Je comprends mieux son insistance à me retenir quelques jours. Il reste encore 3 à 4 cm dans les champs. A chaque pause, je me refroidis, heureusement que l’effort me réchauffe. Pour rejoindre Catolica, j’ai le choix entre la route côtière qui passe par la montagne et l’intérieur des terres un peu plus plat. Lorsque je vois les sommets envahis par le brouillard, mon choix est vite fait. Je reste sur la grande route. Elle monte quand même un peu et la campagne est de plus en plus blanche. Je reste bien sur mes gardes dans la descente, ça pourrait être dangereux. Ca me laisse le temps d’admirer les collines dans la brume et la mer que l’on devine. Le port et la place de Catolica sont très majestueux. Ensuite la côte n’est qu’une succession d’hôtels et de restaurants jusqu’à Rimini. C’est absolument horrible et la route défoncée n’arrange rien à mon ressenti. Marco m’a prévenu, Rimini c’est l’univers de la discothèque, c’est un peu l’Ibiza italienne. Je suis bloqué au centre ville par les premières gouttes. J’en profite pour manger. Il est midi et j’ai déjà parcouru 70km. De Rimini je compte rentrer dans les terres pour rejoindre Bologne et Catarina qui m’a invité chez elle lorsque je l’ai rencontrée à Lecce. Mais la pluie ne me laisse pas la moindre chance. Je sors de la ville et m’arrête dans le premier village. Par chance il y a un centre culturel et une bibliothèque bien chauffée. Je cherche un hébergement pour la nuit, mais rien n’est évident ici. Ni à l’église, ni à la mairie, ni dans les bars, ni chez les quelques personnes que je croise. Je dormirai devant la bibliothèque, à l’abri du vent et de la pluie, c’est le plus important. Rien de formidable sur cette étape.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Nombre de visites : compteur pour blog