Ce matin ça va un peu mieux. Le mal de tête est passé, ce qui est le plus important. Par contre mon oreille a suinté toute la nuit. Un drôle de liquide, mélange de lymphe, de pus et de sang. Cela ressemble à une otite. J’ai du mal à me l’avouer, mais il faut appeler les maux par leur nom. Inflammation du conduit auditif : c’est une otite. Je ne sais même pas si j’ai déjà eu une otite, c’est bien ma veine que ça m’arrive maintenant. Bon, au moins ça n’est pas douloureux et ça ne me gêne pas pour pédaler. Petit déjeuner en compagnie de Mario qui me raconte toutes ses aventures de marin. Quelle vie incroyable il a eu ! Il m’offre un énorme pain pour la route. La Croatie aura été vraiment le pays de la multiplication des pains. Chaque fois que j’ai été hébergé on m’a offert un pain si bien que j’en ai même d’avance. Je me mets en route et je fais vite le deuil de mon cale pied de la chaussure droite. La cale se défait toute seule et finit par me gêner. Je la retire et constate que j’ai perdu une vis spéciale que je ne peux pas remplacer. Tant pis je continue avec le cale pied à gauche et à plat à droite. Pour entrer au Monténégro, il faut grimper très haut dans ces montagnes croates. Derniers instants difficiles dans ce pays qui m’a littéralement conquis par ses paysages splendides et par ses habitants si chaleureux. A la frontière, il tombe quelques gouttes, ça ne me dit rien qui vaille. J’attends quelques instants, le temps de discuter avec le douanier qui ne veut pas croire que je viens de France en vélo ! La pluie diminue et je tente ma chance dans ce pays dont j’ignore tout. Déjà, l’état des routes est désastreux et avec cette pluie, ma descente se résume à un slalom entre les trous d’eau. Il y a même des torrents qui traversent la chaussée. En bas je suis trempé. Changement complet de décor. Ce pays semble moins développé que son voisin. Petites fermes construites de bric et de broc où l’on travaille la terre à la main ou avec une traction animale. Les paysans sont très enthousiastes lorsqu’ils me voient passer. Les enfants saluent mon passage de « hello » et « go,go,go !»C’est vraiment sympa ! C’est comme un rayon de soleil sous cette pluie. Hercegnovi est un peu touristique et peu se targuer d’avoir un très beau château médiéval qui surplombe la baie. Je profite du paysage pour faire une petite pause. Je n’aurai pas trop de mal pour convertir la monnaie locale. Cela semble assez identique à l’euro si j’en crois le prix du gazole. C’est une astuce de voyageur pour avoir un taux de change approximatif. Je reprends la route le long de la baie de Kotor et découvre une belle côte ou la mer s’enfonce loin dans les terres jusqu’à butter contre d’immenses montagnes couvertes de belles forêts.
Il ne pleut plus mais la route n’évacue pas du tout l’eau. Chaque camion qui passe me déverse de grandes gerbes d’eau sur les jambes. Au final je suis plus mouillé que s’il pleuvait. A Kamenari, il y a un bac qui permet de traverser. Je me renseigne sur les prix, il s’avère que c’est gratuit pour les piétons et les vélos. J’en profite pour m’épargner 25 km. Sur l’autre berge, les villages sont très pittoresques et construits en pierres selon une architecture traditionnelle. C’est vraiment joli au milieu de cette forêt. Malheureusement la pluie est de retour. J’en profite pour manger un morceau en attendant la fin de l’averse. Je découvre que la monnaie locale est l’euro ! Etrange pour ce pays qui semble très pauvre et qui ne doit pas faire partie de l’union européenne si j’en juge par l’absence de bannière étoilée sur les plaques d’immatriculation. La pluie cesse et j’en profite pour avancer sur la cote vers Budra. Rien de bien formidable à voir, la ville est un peu trop grande pour y passer la nuit. J’attends la fin de l’averse et me dirige vers le village suivant : Becici. Là je trouve un beau hall d’hôtel.. Dormir dehors n’est plus un problème, car il ne fait pas froid. Je trouve une palette pour faire un feu et sécher mes vêtements. Après le repas je croise Jonavic qui passe par là. Il a vécu à Genève et parle couramment le français. Comme à chaque fois depuis quelques jours il commence par me demander ma religion. Etonnant de voir que cette question est si importante dans ces régions. Les conflits du passé ont laissé ce genre de trace. On détermine la nature d’une personne par sa communauté. Il s’étonne que je ne fume pas. A 0,60 euros le paquet, ici tous les hommes fument ! Je me couche finalement tranquillement dans mon sac de couchage. Je n’arrive plus à me souvenir de la dernière fois où j’ai eu à dormir dehors.
24 févr. 2010
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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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