J’ai très bien dormi, mieux que la veille où mon oreille me faisait souffrir. J’ai toujours un liquide qui s’écoule et je la bouche avec du coton. Plusieurs options aujourd’hui : la sécurité c’est de monter vers la capitale Podgorica, puis de traverser la frontière à Bozaj. La seconde, c’est de continuer sur la côte et de trouver un poste frontière vers l’Albanie sur une route absente de ma carte. J’aviserai au carrefour à Petrovac. Pour l’heure, je roule le long d’une belle côte qui ressemble fort à la Croatie. Sauf que l’état de la chaussée est bien plus difficile. Ca monte et ça descend et c’est dur. Mais au moins aujourd’hui j’ai droit à un beau soleil. Je m’en réjouis au centuple d’autant qu’il n’y a pas de vent. Formidable ! Peu avant Petrovac la route surplombe les magnifiques villages de Milocer et Svento Stefan construits sur des presqu’iles. Ils sont comme des petits Mont Saint Michel formant un promontoire dominé par une église orthodoxe. On y construit un maximum de maisons en pierres, donnant l’impression qu’il n’y a plus la moindre place pour y ajouter la moindre maison. Le tout entouré par cette belle mer adriatique qui resplendit de ses reflets dorés au soleil. A Petrovac, on m’assure que je peux passer la frontière au sud de Sukobin. C’est pas exactement sur la côte, mais quand je vois la route de Podgorica qui monte en épingles dans des montagnes dont j’ai peine à voir le sommet en levant la tête, mon choix est vite fait. En plus en passant par la côte je gagne au moins 50 km ! Pour rejoindre Bar, la route commence tout de même à monter très fort et c’est une vraie épreuve. Le soleil se met à chauffer et je surchauffe. Dieu que c’est dur ! Et puis à Sutomore, la route redescend vers Bar m’offrant au passage une vue magnifique sur toute la côte. A Bar, je quitte la grande route pour une minuscule qui doit m’emmener vers cette fameuse douane de Sukobin. On me confirme à nouveau qu’il n’y aura pas de problème pour passer en Albanie. D’ailleurs je croise plusieurs voitures immatriculées en Albanie ce qui tend à me rassurer car mon monténégrin est si limité que j’avais peur d’avoir mal compris. Mais ça commence à monter pendant 5km sur cette minuscule route où les voitures ne peuvent se croiser. J’ai peur d’avoir à subir ce terrain jusqu’à la frontière soit un peu plus de 25km. Je dois même mettre pied à terre pour pousser le vélo à plusieurs reprises. Cette route c’est l’enfer ! Et puis je passe une crête et j’arrive sur un genre de plateau magnifique. C’est vallonné, mais ça réconforte que la pente abrupte soit enfin terminée. Là, je découvre le Monténégro des terres. Ici c’est une province très pauvre qui vit de l’agriculture traditionnelle. Je croise mes premiers minarets et les vieilles femmes sont voilées. Ambiance spéciale dans ces petits villages isolés de tout où l’on vend des poules encore vivantes au marché. Les gens sont chaleureux et saluent mon passage. J’arrive à midi à cette fameuse douane. Pas de problème pour passer en Albanie mais on me fait quand même patienter une bonne demi-heure, le temps de vérifier mon passeport en long et en large…Entrée en Albanie et descente vers le lac de Skoder. Si le Monténégro m’avait fait changer de décor, l’Albanie me plonge vraiment dans un autre univers. J’entre dans le pays le plus pauvre de l’Europe et ça se voit immédiatement. Il faut partager la route avec les charrettes à bœufs et les ânes. Cette campagne reculée aux confins du pays est saisissante par son authenticité. Les pluies diluviennes de ces derniers jours n’ont pas épargné cette région. Tout est inondé, les champs ont laissé place à d’immenses étendues d’eau qui vont jusqu’à l’horizon. Certaines maisons (ou plutôt cabanes) ont été délaissées car les eaux les ont envahies jusqu’à un mètre de hauteur. Quelle détresse pour ces gens qui ne sont déjà pas épargnés par la misère ! J’entre dans Skoder et j’aperçois le château qui surplombe la ville et les lacs du haut de son rocher abrupt. Ensuite je file sur la grande route, cap au sud dans cette grande plaine creusée par tout un réseau de rivières et de fleuves qui se jettent dans le lac de Skoder. Les montagnes du Mirdité forment une barrière à l’est dont la crête découpée définit mon horizon. La route est toute plate et j’en profite pour prolonger un peu en direction de Lehze. Arrivé dans la ville, je suis surpris par le chaos qui règne ici. On pourrait se croire en Inde. La circulation est infernale sur des routes en terre battue. Les vendeurs de fruits et légumes installent leurs échoppes directement sur la route, parfois même au milieu des carrefours où les règles du code de la route n’ont pas vraiment cours. Après quelques discussions avec les locaux, je rencontre Nikolin qui achète du poisson à l’une de ces échoppes. Il est le chef des pompiers de la ville et entend bien me trouver quelque chose pour la nuit. Son italien est égal au mien, ce qui est bien suffisant. Il m’emmène d’abord dans un bar pour me présenter ses amis. Une belle bande de camarades qui passent leur temps à jouer aux dominos autour d’une bouteille de raki. Je suis convié à participer et découvre à mes dépends que le jeu de dominos est bien plus stratégique qu’il n’y paraît. J’ai droit à quelques remontrances pour mes erreurs de débutants. L’ambiance est à l’amusement. Finalement Nikolin m’invite à dormir chez lui ou je pourrai prendre une douche et me régaler d’un merveilleux repas en famille. Je rencontre sa femme, directrice d‘école et ses trois enfants dont les deux filles ainées parlent un anglais parfait. Cette famille fait clairement partie de la classe aisée de la société albanaise. Les enfants auront droit à de belles études de médecine ou de journalisme selon leurs aspirations. On est loin de ce que j’ai vu en entrant dans ce pays quelques heures plus tôt. Nikolin me raconte l’histoire de son pays et se félicite que son état soit le plus ancien de la région des Balkans ! Ici c’est la stabilité qui prime sur les richesses. En Albanie, il n’y a pas de corruption, m’assure t’il… Sur ces belles paroles je me couche dans le canapé du salon. Une belle journée et de belles promesses pour mon passage en Albanie.
25 févr. 2010
Arrivée en Albanie
J’ai très bien dormi, mieux que la veille où mon oreille me faisait souffrir. J’ai toujours un liquide qui s’écoule et je la bouche avec du coton. Plusieurs options aujourd’hui : la sécurité c’est de monter vers la capitale Podgorica, puis de traverser la frontière à Bozaj. La seconde, c’est de continuer sur la côte et de trouver un poste frontière vers l’Albanie sur une route absente de ma carte. J’aviserai au carrefour à Petrovac. Pour l’heure, je roule le long d’une belle côte qui ressemble fort à la Croatie. Sauf que l’état de la chaussée est bien plus difficile. Ca monte et ça descend et c’est dur. Mais au moins aujourd’hui j’ai droit à un beau soleil. Je m’en réjouis au centuple d’autant qu’il n’y a pas de vent. Formidable ! Peu avant Petrovac la route surplombe les magnifiques villages de Milocer et Svento Stefan construits sur des presqu’iles. Ils sont comme des petits Mont Saint Michel formant un promontoire dominé par une église orthodoxe. On y construit un maximum de maisons en pierres, donnant l’impression qu’il n’y a plus la moindre place pour y ajouter la moindre maison. Le tout entouré par cette belle mer adriatique qui resplendit de ses reflets dorés au soleil. A Petrovac, on m’assure que je peux passer la frontière au sud de Sukobin. C’est pas exactement sur la côte, mais quand je vois la route de Podgorica qui monte en épingles dans des montagnes dont j’ai peine à voir le sommet en levant la tête, mon choix est vite fait. En plus en passant par la côte je gagne au moins 50 km ! Pour rejoindre Bar, la route commence tout de même à monter très fort et c’est une vraie épreuve. Le soleil se met à chauffer et je surchauffe. Dieu que c’est dur ! Et puis à Sutomore, la route redescend vers Bar m’offrant au passage une vue magnifique sur toute la côte. A Bar, je quitte la grande route pour une minuscule qui doit m’emmener vers cette fameuse douane de Sukobin. On me confirme à nouveau qu’il n’y aura pas de problème pour passer en Albanie. D’ailleurs je croise plusieurs voitures immatriculées en Albanie ce qui tend à me rassurer car mon monténégrin est si limité que j’avais peur d’avoir mal compris. Mais ça commence à monter pendant 5km sur cette minuscule route où les voitures ne peuvent se croiser. J’ai peur d’avoir à subir ce terrain jusqu’à la frontière soit un peu plus de 25km. Je dois même mettre pied à terre pour pousser le vélo à plusieurs reprises. Cette route c’est l’enfer ! Et puis je passe une crête et j’arrive sur un genre de plateau magnifique. C’est vallonné, mais ça réconforte que la pente abrupte soit enfin terminée. Là, je découvre le Monténégro des terres. Ici c’est une province très pauvre qui vit de l’agriculture traditionnelle. Je croise mes premiers minarets et les vieilles femmes sont voilées. Ambiance spéciale dans ces petits villages isolés de tout où l’on vend des poules encore vivantes au marché. Les gens sont chaleureux et saluent mon passage. J’arrive à midi à cette fameuse douane. Pas de problème pour passer en Albanie mais on me fait quand même patienter une bonne demi-heure, le temps de vérifier mon passeport en long et en large…Entrée en Albanie et descente vers le lac de Skoder. Si le Monténégro m’avait fait changer de décor, l’Albanie me plonge vraiment dans un autre univers. J’entre dans le pays le plus pauvre de l’Europe et ça se voit immédiatement. Il faut partager la route avec les charrettes à bœufs et les ânes. Cette campagne reculée aux confins du pays est saisissante par son authenticité. Les pluies diluviennes de ces derniers jours n’ont pas épargné cette région. Tout est inondé, les champs ont laissé place à d’immenses étendues d’eau qui vont jusqu’à l’horizon. Certaines maisons (ou plutôt cabanes) ont été délaissées car les eaux les ont envahies jusqu’à un mètre de hauteur. Quelle détresse pour ces gens qui ne sont déjà pas épargnés par la misère ! J’entre dans Skoder et j’aperçois le château qui surplombe la ville et les lacs du haut de son rocher abrupt. Ensuite je file sur la grande route, cap au sud dans cette grande plaine creusée par tout un réseau de rivières et de fleuves qui se jettent dans le lac de Skoder. Les montagnes du Mirdité forment une barrière à l’est dont la crête découpée définit mon horizon. La route est toute plate et j’en profite pour prolonger un peu en direction de Lehze. Arrivé dans la ville, je suis surpris par le chaos qui règne ici. On pourrait se croire en Inde. La circulation est infernale sur des routes en terre battue. Les vendeurs de fruits et légumes installent leurs échoppes directement sur la route, parfois même au milieu des carrefours où les règles du code de la route n’ont pas vraiment cours. Après quelques discussions avec les locaux, je rencontre Nikolin qui achète du poisson à l’une de ces échoppes. Il est le chef des pompiers de la ville et entend bien me trouver quelque chose pour la nuit. Son italien est égal au mien, ce qui est bien suffisant. Il m’emmène d’abord dans un bar pour me présenter ses amis. Une belle bande de camarades qui passent leur temps à jouer aux dominos autour d’une bouteille de raki. Je suis convié à participer et découvre à mes dépends que le jeu de dominos est bien plus stratégique qu’il n’y paraît. J’ai droit à quelques remontrances pour mes erreurs de débutants. L’ambiance est à l’amusement. Finalement Nikolin m’invite à dormir chez lui ou je pourrai prendre une douche et me régaler d’un merveilleux repas en famille. Je rencontre sa femme, directrice d‘école et ses trois enfants dont les deux filles ainées parlent un anglais parfait. Cette famille fait clairement partie de la classe aisée de la société albanaise. Les enfants auront droit à de belles études de médecine ou de journalisme selon leurs aspirations. On est loin de ce que j’ai vu en entrant dans ce pays quelques heures plus tôt. Nikolin me raconte l’histoire de son pays et se félicite que son état soit le plus ancien de la région des Balkans ! Ici c’est la stabilité qui prime sur les richesses. En Albanie, il n’y a pas de corruption, m’assure t’il… Sur ces belles paroles je me couche dans le canapé du salon. Une belle journée et de belles promesses pour mon passage en Albanie.
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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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