31 oct. 2009

En route pour Porto



Je me lève à 6h30, ce maudit décalage horaire n’a pas fini de me jouer des tours, on dirait. Mais je ne veux pas m’attarder, le jour tombera tôt et je n’ai pas trop le choix si je ne veux pas rester coincé à Porto. Je file donc d’abord sur Braga 15 petits kilomètres pour me mettre en jambes. La ville est très escarpée mais jolie, les églises ici valent vraiment le détour. Dommage que tout le centre ville soit pavé et que la sortie de la ville soit juste un enfer pour le cycliste. Périphériques, autoroute, il n’y a en fait qu’une route accessible en vélo pour sortir vers le Sud et une énorme nationale assez dangereuse avec le recul. Mais je m’échappe vite de ce délire pour automobiliste pressé pour couper par Familicao. Les petites routes sont très jolies à flanc de montagne et les villages traversés vraiment pittoresques. Il y a toujours des trous partout dans le macadam et ces fameux villages n’ont pas encore vu arriver l’asphalte !!
Je ne comprends pas qu’aucun Portugais n’ait jamais encore gagné le Paris Roubaix parce que c’est bien de ces pavés là que je parle, de gros blocs de granit irréguliers et disjoints, rien à voir avec les beaux pavés cubiques de Braga qui passent pour un billard à coté de ceux-là. A Familicao, je prends vers Santa Tirso dont le château et le parc si bien entretenus tranchent avec les habitations délabrées ou carrément en ruines. Puis vient l’entrée sur Porto.
Pour entrer, ça descend, mais je crains le pire pour sortir, on verra plus tard. 15 km de croisements de voies rapides, de camions et de voitures en file continue et j’atteins le centre de Porto vers midi. Tout est parfaitement en ligne, la ville est simplement extraordinaire pour celui qui aime les vieilles pierres. Petites rues pavées ou le linge pend aux fenêtres, églises parées de céramiques blanches et bleues, façades sculptées et grandes avenues boisées…Tout est si beau que je resterai un long moment à tourner dans le centre historique pour m’imprégner de l’ambiance calme et sereine qui règne ici. Mais je dois finalement me décider à sortir car le temps devient menaçant et la sortie de la ville promets d’être cahotique : elle le sera en effet !!
Je demande ma route aux passants à chaque carrefour et il me semble qu’il y a 1001 façons de sortir puisque chacun me donne un itinéraire différent. Je suis donc ballotté tantôt sur la côte tantôt dans les terres, sur les grands axes, sur les petites routes et pour certains passants sortir en vélo c’est tout simplement impossible !!! Ils ont beau chercher, ils ne trouvent pas d’itinéraires. C’est le grand délire, après 2h de folie je parviens quand même à trouver un trou de souris pour sortir de l’agglomération. J’aimerais bien voir mon trajet sur une carte pour voir combien de détours il m’a fallu. Mais maintenant je longe la côte vers Espinho tout est en ordre. Je fais une brève pause sous l’air interloqué des skateurs du centre, puis je repars tranquillement. A Poramas le jour tombe et je suis obligé de m’arrêter . Sur la plage il y a une sorte de chapelle avec un abri, je m’installe ici. Alors que je me pose tranquillement, Beda, un jeune Portugais vient me parler. Il parle très bien le Français pour avoir vécu 2 ans à Roanne et travaillé comme maçon. Il m’explique qu’il a pas mal galéré en France et n’avait rien en arrivant ni logement, ni argent, ni nourriture. Il sait ce que c’est de dormir dehors. Alors le soir même il m’apporte du pain, du chorizo, des pommes et des biscuits. Nous discuterons longuement de la vie ici qui n’est pas rose. C’est vrai que le village de la plage est fait de bric et de broc : planches, tôles ondulées, tas de ferrailles, certains pourrait parler de bidonville et ils n’auraient pas tort. Mais du travail ici il n’y en a pas. Beda pêche du poisson, ramasse des coquillages, attrape des vers qu’il revend aux autres pêcheurs, capture des mésanges pour l’animalerie etc…Il se débrouille avec les moyens du bord et à force de volonté, il s’en sort plutôt bien et surtout honnêtement. Je lui explique que j’ai suffisamment d’argent pour manger mais il tient à m’aider. Ici l’hospitalité est un devoir et il serait mal vu de refuser ses offrandes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Nombre de visites : compteur pour blog