30 oct. 2009

Le Portugal enfin !

Aujourd’hui je vais enfin atteindre le Portugal. J’ai déjà dit ça hier, mais cette fois, il ne me reste plus qu’une trentaine de kilomètres avant la frontière.
Une étape supplémentaire dans le dépaysement puisque ce sera la première fois pour moi que je mettrai les pieds dans ce pays, dont la langue m’échappe totalement. J’ai beau essayer de rassembler toutes mes connaissances, les 3 mots que je connais ne sont que « muche obrigado » et « Futbol », je ne sais rien, même pas dire : bonjour et s’il vous plaît. Ca promet d’être assez coriace ! Il paraît que beaucoup de Portugais ont de bonnes notions de Français, j’espère que la légende dit vrai. Mais pour l’heure je quitte Oia et son superbe monastère pour finir face au vent le bout de cette belle côte espagnole que je suis depuis tant de jours. A peine une heure de route et le pont sur le Rio Minhos se profile à l’horizon…Quelques coups de pédales plus tard, ça y est l’estuaire est franchi et le Portugal m’accueille à bras ouverts.
Pour commencer, j’ai décidé de quitter un peu la côte pour l’intérieur des terres. Je m’attends évidemment à un relief plus prononcé, mais aussi à des panoramas qui récompensent les efforts fournis.
Et dès les premiers kilomètres c’est exactement ça ! Pour rejoindre Ponte de Lima, la route n’en finit plus de monter : 4, 5, 6 puis 10 km d’ascension avant d’atteindre le sommet à Remurigues. La pente est très irrégulière et le revêtement franchement désagréable. C’est d’ailleurs une constante au Portugal. On se croit sur une belle route bien asphaltée et d’un coup pour je ne sais quelle raison (pénurie de macadam sans doute) le revêtement devient inroulable, ça saute de partout, les sacoches sont secouées dans tous les sens et parfois à la pause, je suis obligé de tout sortir pour tout ranger mes affaires dans le bon ordre. Le pire survient lorsqu’en bas d’une belle descente, une tranchée n’a pas été refermée. Je dois jouer les équilibristes pour éviter la chute et garder ma ligne. J’ai acquis une bonne technique et un bon équilibre sur les routes portugaises. La descente vers Ponte de Lima est de cette trempe, on n’en profite pas vraiment, car on reste les freins serrés et la concentration en ébullition.
Mais tant pis je profite du paysage, de la vallée boisée et des petits villages en surplomb des gorges. Arrivé en bas, je suis d’abord étonné par les carrières de granit, on débite la montagne en tranche et il n’en reste plus qu’une moitié. Les boutiques de tailleurs de pierre sont pleines de belles cheminées, de fontaines et surtout de croix, de Marie, de Jésus …Je vais découvrir qu’ici la foi n’est pas un passe temps, mais un véritable art de vivre qui gouverne de nombreuses décisions familiales ou même étatiques..
Je suis assez heureux de retrouver des points de repère français : Leclerc, Intermarché…de nombreuses enseignes françaises sont présentes ici. L’après midi je continue gentiment ma route vers Braga, le relief est toujours en montagnes russes, mais j’ai de quoi reprendre des forces : des oranges ! Quel plaisir suprême de pouvoir cueillir une orange et de la manger sur place. Ca ne m’était jamais arrivé et je réalise avec cette orange ce que ce voyage m’apporte.
La vraie vie, la vraie nature : une authenticité qui manquait à ma vie. Je n’avais jamais mangé d’autres oranges que celles piochées dans un filet de supermarché ! Désormais lorsque je pense à une orange, je vois un arbre vert brillant chargé de fruits verts, jaunes et oranges. C’est très beau un oranger !
J’arrive à Prudo à 16h. Je ne veux pas aller plus loin car je risque de tomber dans la banlieue de Braga et ce n’est pas l’idéal pour passer la nuit. L’église sonne 3 fois. 3 fois ! et oui il y a un décalage horaire avec l’Espagne, le Portugal est à l’heure britannique ! Avec le changement d’heure de la semaine dernière, ça me fait deux heures de décalage d’un coup. Ca va me perturber dans mes habitudes mais on retrouve vite un autre rythme : adaptation.
Je passe devant un café ou l’on discute visiblement « Futbol ». Je demande où trouver un endroit calme pour la nuit et voilà qu’on me paye une tournée. Marco a travaillé en France et parle Français sans accent. Il m’oriente vers un parc le long de la rivière. L’endroit est en effet idéal. Je cuisine doucement à la nuit tombée, puis me couche avec la nuit..à 19h30 !
Marco repasse m’apporter des biscuits vers minuit et il reste surtout pour s’assurer que tout se passe bien pour moi et que personne ne vient m’embêter. C’est une belle intention qui augure de grandes rencontres au Portugal !

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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