Pour clore le chapitre, j’aimerais vous parler ce qui m’angoissait un peu avant de traverser les frontières et qui m’a finalement beaucoup amusé : comment communiquer, comment apprendre la langue ? Bref rappel de ma vie linguistique, je n’ai jamais appris l’espagnol à l’école et encore moins le Portugais. Mes bases ne provenaient que d’un séjour de 2 semaines à Barcelone où je m’étais plus appliqué à comprendre le sens du terme « bourracho » que la pléiade de Tirso de Molina. Malgré tout mon vocabulaire s’étendait, à la frontière basque, à une bonne vingtaine de termes tels que « Buenos dias », « Muchas gracias », « Por favor » « Caliente », quelques chiffres jours de la semaine… Une base suffisante pour entamer une conversion, au départ principalement nourrie par mes souvenirs du Mime Marceau puis petit à petit de plus en plus riche phonétiquement ! Mon moment de gloire survenant lors de la dernière semaine où à deux reprises l’on me complimenta pour la qualité de mon Espagnol. Sans me vanter, il est vrai que mes progrès étaient assez significatifs et j’étais capable de comprendre une conversation courante pourvu que je connaisse un peu le contexte ainsi que de me faire comprendre même si ma grammaire doit être vraiment déplorable. L’immersion, y a que ça de vrai !
Le plus amusant c’était en entrant au Portugal. En franchissant le pont je démarre l’inventaire de mon vocabulaire portugais : une heure plus tard, le bilan est fait. Trois mots : « Mucho obrigado » et « Futebol ». Vastes souvenirs des épisodes de Pékin Express au Brésil… C’est pas glorieux et ça ne va pas m’aider beaucoup ! Même les basiques « Oui », « Non » et « Bonjour », « Au revoir » me sont étrangers. J’appliquerai alors assidûment une technique qui m’a déjà prouvé son efficacité en Espagne : la technique de l’éponge ! C’est très simple, il suffit de s’imprégner de touts les mots que vous rencontrez dans votre journée : principalement les panneaux publicitaires, panneaux routiers, prospectus en tous genres, ingrédients des emballages de nourriture, etc. C’est fou comme ce vocabulaire d’apparence inutilisable, l’a finalement véritablement été puisqu’au Portugal j’ai rencontré chaque soir quelqu’un qui parlait Français ! Cela m’a tout de même permis de maîtriser sur le bout des doigts tout le vocable de la circulation routière : les « Salida de camiones », les « Moderada o velocidade » et autres « Secunda salida de rotunda » n’ont plus de secret pour moi… Mais ça ne m’a pas empêché d’apprendre également quelques rudiments si bien qu’en ressortant du Portugal il m’était bien difficile de troquer mes réflexes « Bon dia » contre les « Buenos dias » et les « Obrigado » contre les « Gracias » ! Globalement à chaque passage de frontière, je mettais environ 2 jours à retrouver les automatismes de la langue. C’est comme cela qu’à Collioure, j’ai automatiquement salué nombres de cyclistes croisés par le traditionnel « Ola ! » espagnol. Pas évident de changer d’une minute à l’autre, 3 semaines d’habitudes linguistiques.
Et ces réflexes auraient pu me jouer des tours car essayez un peu de parler Espagnol à un Portugais et vous aller voir comment il va vous recevoir… En entrant, je ne connaissais pas cette rivalité entre les deux peuples et j’ai eu droit à quelques corrections de lexiques appuyées de regards bien glaciaux en comparaison de la douceur automnale. Par la suite je précisais immédiatement que j’étais Français puis une fois les amabilités échangées en Portugais, je basculais rapidement en Français… Dans le même registre, évitez de louer la charcuterie ou le fromage espagnol face à un Portugais ou basculez très vite sur le sujet du vin, une fierté nationale face au piètres copies espagnoles. Christophe Colomb est également une valeur sûre pour flatter l’égo lusitanien.

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