19 juil. 2009

I have a dream

Ce voyage trottait dans un coin de ma tête depuis quelques années déjà, pas véritablement sous cette forme et sur cet itinéraire mais résolument dans cet état d’esprit de découverte.
Je me souviens de cet atlas à la couverture rouge que ma tante m’avait offert, je devais avoir 7 ou 8 ans. Sur les pages glacées se découpaient les cotes et les chaînes de montagnes. J’imaginais la vie des habitants dans toutes ces contrées lointaines pendant des après-midis entières, récitant inlassablement les pays, les capitales, inspectant les drapeaux, les fleuves. C’était une approche très théorique de la géographie et c’est elle qui me donne aujourd’hui l’envie de voir ce qui se cache sous les cartes. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu cette passion pour les continents, intrigué par une telle immensité et frustré de ne jamais pouvoir un jour les parcourir dans leur totalité.
Je ne suis pas un cas isolé, loin de là. Je crois même que ce genre d’aventure devient de plus en plus courant. Il est clair que les nouveaux moyens techniques, notamment de communications, favorise l’engouement en effaçant quelques désagréments du voyage. Il est désormais possible de conserver un lien régulier avec ses proches tout en traversant la jungle indonésienne ou le désert de Gobi. La mondialisation permet également de voyager sur n’importe quel point du globe en un temps record et rend donc le voyage tout à fait accessible à n’importe qui. Cependant, je ne crois pas que ces seules facilités techniques suffisent à expliquer cet engouement. D’après moi, la mondialisation exerce également une part psychologique qui pousse aux voyages de toutes sortes. En quelques clics on peut désormais avoir accès à l’information partout dans le monde, visiter en trois dimensions les plus beaux monuments et les plus riches musées. Tout devient si facile que le voyage devient une nécessité par retour de balancier. On éprouve désormais ce besoin de ressentir physiquement les choses, d’éprouver la difficulté avant d’avoir sa récompense. Quand tout est si facile, la satisfaction de découvrir des endroits merveilleux n’est plus aussi intense et finalement tout devient si commun. Au contraire, si l’on éprouve physiquement le voyage, que l’on sent grandir petit à petit l’éloignement et le dépaysement alors la découverte de sites inconnus devient un moment extraordinaire, une expérience riche et fondatrice. Voilà pourquoi la mondialisation de l’information nous pousse à voyager. On veut vibrer, sentir, ressentir. Vérifier par soi-même ces « vérités » qui nous inonde devient alors une obsession irrésistible.
Et puis un jour on croise quelques voyageurs qui ont fait le tour du monde qui en retirent une expérience et un recul sur la vie mystérieux pour un sédentaire. On les envie, on les jalouse un peu même. Si seulement je pouvais moi aussi ! Un autre jour on rencontre un genre de sage des temps modernes, détaché de toutes les pressions économiques et sociales de nos sociétés, il vit l’instant présent sans se soucier du lendemain, ni se vanter de la veille. Il est libre de choisir en son âme et conscience. Pourquoi pas moi ? Alors on se cherche, on passe des nuits entières à se demander pourquoi l’on préfère les pressions de nos vies quotidiennes aux bonheurs simples. On n’y trouve que trop peu de réponses. On se lève un matin en devinant un semblant d’explication : c’est l’espoir de nos rêves qui nous tient encore debout. C’est toute une existence qui marche sur la tête, au lieu de vivre selon mes aspirations, j’ai préféré les brider pour qu’elles me tiennent dans une vie à laquelle je n’adhère pas. L’idée naît comme une source de montagne en un mince filet d’eau, telle un torrent elle fait rapidement son chemin et finalement elle balaye tout sur son passage comme le fleuve qui se jette dans l’océan. Et je me suis jeté dans cette idée en espérant atteindre un jour l’océan. Il n’est désormais plus qu’à quelques brassées, ou plutôt quelques tours de roues…

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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