18 avr. 2010

Ca souffle et c’est terrible !!

Un bon petit déjeuner à l’auberge : c’est muesli à volonté et je ne laisse pas ma part au chien. Pour récupérer mon vélo, c’est un peu plus compliqué. On est dimanche et la réception de l’auberge est vide. Je fais des pieds et des mains pour trouver quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a le numéro de téléphone de quelqu’un qui a les clés du garage. Bon, finalement à 9h30 je récupère mon compagnon de route et à 10h je peux enfin prendre le départ. Dés les premiers hectomètres dans la ville, je comprends que cette journée va être assez galère. Le ciel est très menaçant et le vent souffle comme hier. Pour sortir de Vilnius, il n’y a pas plusieurs solutions et ça monte de tous les côtés. Alors à l’assaut !Je traverse une dernière fois la vieille ville et imprime dans ma mémoire tous ses beaux bâtiments. Puis je franchis le fleuve et me retrouve sur les artères de la ville nouvelle. D’énormes échangeurs, heureusement peu fréquentés en ce dimanche matin, desservent la zone commerciale. Je monte tant bien que mal ces belles côtes et déjà le vent me fait souffrir. J’avais décidé il y a une semaine d’arrêter de me plaindre du vent dans ce journal. Cette étape n’est qu’un combat de chaque instant face aux éléments. Avancer, avancer, avancer…Chaque coup de pédale est en soi une petite victoire. A la sortie de Vilnius je traverse quelques petits villages comme ceux aperçus la veille de l’autre coté de la ville. Ces maisons ont toutes des formes géométriques en béton et grandes baies vitrées. Ce sont des quartiers riches car chaque maison dispose de sa piscine couverte évidemment. Les portails sont blindés et bouclés à double tours, des caméras de surveillance veillent à la moindre défaillance des énormes chiens de garde. Bienvenue à « Paranoïa City » où l’argent rend égoïste et renfermé. J’en suis là dans mes pensées lorsque je me retrouve nez à nez avec une autoroute que je n’ai pas le droit d’emprunter. Sur ma carte j’ai bien une autre route un peu plus loin mais ça me fait une belle rallonge. Par contre devant moi j’ai aussi une petite route qui semble longer l’autoroute. Je tente ma chance ! La dernière fois que j’ai tenté ce genre de route ça s’est terminé par un demi tour. Mais là, j’y crois car plusieurs villages sont établis en bordure d’autoroute et ils sont forcément desservis par cette petite route au moins pour les engins agricoles. Et bingo ! J’ai toujours le vent de face et pas l’ombre d’une forêt pour m’abriter, pas la moindre haie. Je galère ainsi toute la matinée si bien qu’à 13h je ne suis qu’à Sirvintos soit à peine 40 km de mon point de départ. C’est une petite bourgade sans grand intérêt si ce n’est un parc et un plan d’eau. Mais pour moi c’est un refuge rêvé car je peux m’abriter du vent pour manger. Je suis tellement dégoûté par ma matinée que j’envisage un instant de rester dormir ici. Puis après le repas, je retrouve la motivation pour continuer. Je repars donc sur une route le long de l’autoroute qui va vers Ukmerge. Cette fois cette route est bien sur ma carte mais au carrefour suivant elle se transforme soudain en chemin sablé. Je continue en espérant retrouver l’asphalte quelques kilomètres plus loin. Mais plus ça va, moins ça va ! J’entre dans la forêt et mon chemin sablé devient un chemin forestier. J’insiste en pensant aux vététistes toulousains qui se régaleraient de cet itinéraire. Mon chemin se rétrécit encore pour s’évanouir dans la forêt. C’est ballot car il ne doit pas rester beaucoup de kilomètres pour retrouver la route. Alors je continue et passe en mode « off track version dirt ! » ! C’est plus de la course d’orientation que du cyclotourisme. Je ne suis jamais perdu car j’ai l’autoroute à ma droite et la rivière à gauche. Et moi, au milieu de tout ça je me démène pour me frayer un chemin au milieu de la végétation. Mais la forêt reste impénétrable, les sapins sont trop denses et je ne peux plus continuer. Bon, il arrive un moment où on fait le point et on sort la tête du guidon. Je suis au milieu de la forêt vierge avec un vélo de 30 kg . Je redeviens raisonnable et fais demi tour. Je retourne à Sirvintos où je trouve un itinéraire bis. Toute cette aventure est partie d’une grossière erreur sur ma carte. Les erreurs sur ces cartes sont rares mais j’ai pu en repérer une dizaine depuis mon départ. J’enverrai un compte rendu détaillé à Bibendum à mon retour !
Je pars donc vers Zibalai avec un peu de retard sur mon programme mais rien d’alarmant. L’avantage c’est que le vent m’est moins défavorable sur cette portion. Arrivé au premier village je cherche un peu où dormir et m’adresse à la supérette du village. La tenancière décroche son téléphone et appelle une famille française présente dans le village. C’est ainsi que je rencontre Philippe et sa famille . A cause des cendres du volcan islandais ils sont bloqués ici dans leur famille. Ils m’offrent un délicieux quatre heure avec des pâtisseries lituaniennes. Nous discutons de tout et de rien et je retrouve le plaisir de parler français. Ils ne peuvent malheureusement pas m’héberger ce soir car ils reçoivent le reste de la famille à dîner. Me voilà donc reparti au delà de 18h vers le village suivant. Le soleil décline doucement mais il fait encore jour. Le vent est complètement tombé et j’apprécie ces derniers kilomètres. J’arrive à Sesvoliai et je rencontre David, un adolescent de 17 ans qui me certifie être le seul habitant à parler anglais. Quel coup de chance ! Il demande à ses parents s’ils peuvent m’aider et ces gentils agriculteurs me prennent sous leurs ailes. J’ai encore droit à une bonne collation avec de bons produits 100% bio. Pour la première fois de ma vie, je bois du lait encore chaud de la traite du soir. Je me régale aussi de jambon fumé et de saucisses grillées. Quel accueil formidable. David tient à me montrer sa communauté de gamers sur internet. Je vais me coucher bien au chaud alors que le ciel est plein d’étoiles. La nuit dehors sera froide.

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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