14 avr. 2010

Belle rencontre à Szczuczyn

Un petit déjeuner classique et riche en protéines et je quitte à regret cette petite famille charmante. Victoria est triste de me voir partir et m’a fait un beau dessin. Je le range dans ma poche puis la salue tendrement alors qu’elle écrase une larme. Ces adieux me font chavirer et je me sens coupable de provoquer une telle tristesse chez cette fillette de 5 ans. Je sors tant bien que mal de ce lotissement interminable qui prend alors des allures de labyrinthe où toutes les rues et toutes les maisons se ressemblent. Enfin, je retombe sur la route principale et prends la direction de Lomza, plein nord. C’est étrange mais le vent s’est inversé cette nuit, il souffle d’est aujourd’hui. Pas bien gênant puisqu’il est latéral. Et puis le soleil brille, il n’en faut pas plus pour que j’apprécie pleinement cette matinée dans la campagne. Bon, c’est franchement comme hier, j’aimerais bien étoffer un peu le paysage mais je ne vois que des champs verts, des champs bruns, des forêts de sapins, des forêts de feuillus et quelques villages exclusivement composés de fermes où l’on élève des vaches. Ce qui me frappe c’est le nombre de calvaires au bord de la route. Il y en a un à chaque intersection quelque soit la grandeur de la route. Parfois je ne les repère pas au premier coup d’œil et je finis par trouver une petite croix en fer forgé au pied d’un arbre.
Lomza n’a rien d’extraordinaire. Je dirais même qu’elle incarne la ville ordinaire de la plaine polonaise. Un magasin de matériaux, un discount alimentaire puis quelques immeubles et des commerces de proximité. Un parc en face de l’église, un carrefour où se croisent les camions au rythme des feux de circulation et voilà tout. Je la traverse et continue vers le nord. Après Kisielnica, je passe à proximité du point culmina,nt de la province : 189m !! Je passe à coté sans l’apercevoir ! C’est incroyable à quel point c’est plat. Pour passer le temps, je démarre une collection de nationalité des camions qui me doublent. Après dix kilomètres j’ai déjà vu passer des polonais, des allemands, des tchèques, des lituaniens, des lettons, des estoniens, des ukrainiens et des biélorusses. J’arrête là ma collection car mon étagère est pleine ! C’est vrai que cette route est un axe majeur de communication entre l’Europe de l’est et de l’ouest mais aussi entre le nord et le sud.
J’arrête ma journée à Szczuczyn après plus de 100km. Je comprends vite que l’ambiance est sympathique dans cette petite ville de campagne. Les gens semblent vraiment ouverts. C’est ainsi que je rencontre rapidement Riczard qui m’invite à dormir dans son garage. Il est électricien à son propre compte mais a décidé qu’il n’avait pas envie de travailler aujourd’hui. Alors il passe son après midi au soleil, à fumer des cigarettes de contrebande russe, à boire quelques bières et à fumer des saucisses. Ses saucisses sont un délice ! Riczard m’explique (en anglais, il a travaillé 5 ans à Chicago)qu’il achète la viande et les boyaux au fermier en face de la rue puis fabrique lui même ses saucisses avant de les fumer dans son fumoir. C’est du 100% naturel « no chimical ». Au rayon gastronomie, il me sort également une bouteille de son propre vin : « it’s polish Bordeaux » il est ma foi fort bon ! Lui le trouve trop peu sucré, alors il le mélange avec du Fanta !! L’œnologie polonaise a encore quelques progrès à faire. Nous discutons tout l’après midi puis toute la soirée jusqu’à 22h. Les sujets abordés sont tous très intéressants . Il me fait le décompte des morts dans la tragédie de cet accident d’avion : le président, sa femme, 18 députés, 6 des plus hauts gradés des trois corps d’armée, des conseillers présidentiels, la garde présidentielle et l’équipage de l’avion, 95 morts. « la Pologne est finie après ça » me dit-il. Il m’explique que la diaspora polonaise est très importante et qu’il y a plus de polonais qui vivent à l’étranger que de polonais en Pologne. Enfin nous discutons des temps difficiles de l’ère communiste, du rationnement, de l’obligation d’apprendre le russe, des représailles envers les religieux, etc.… Mais nous abordons aussi de multiples autres sujets plus larges, tel que la pêche, le tourisme dans la région et l’organisation de l’euro de football en 2012.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Nombre de visites : compteur pour blog