23 mars 2010

Sibiu, Alba Iulia deux villes formidables



Ce matin, je rencontre trois pasteurs américains qui donnent des conférences pour l’église évangélique. Ils étaient également hébergés à la mission pour la nuit. Nous partageons le petit déjeuner ensemble et je me régale de tartines au miel. L’accent texan de ces trois pasteurs me rappelle mon ancien travail lorsque je collaborais avec des ingénieurs de Houston. Quel chemin parcouru depuis lors ! J’ai l’impression que c’était il y a plusieurs années, ça ne fait en réalité que huit mois que j’ai quitté cet univers. Je pense à mes anciens collègues enfermés dans leurs bureaux et face à leurs ordinateurs. Moi, j’ai une magnifique route qui me tend les bras pour aujourd’hui.
Le soleil est toujours au rendez-vous et illumine cette plaine qui reprend doucement vie après les rudesses de l’hiver. L’herbe est encore jaunie, mais je repère quelques pissenlits ça et là. Je m’étonnais de voir fleurir les jonquilles début Février en Grèce, ici les arbres n’ont pas encore de feuilles. Le vent est bien de face, pas de doute, je suis dans la bonne direction, celle de Sibiu. Le centre-ville est fabuleux. Il me plonge dans un univers de contes et de légendes à l’image du comte Dracula. Les bâtiments sont très anciens et arborent de belles tourelles de bois très pointues. Les églises sont recouvertes de layettes de bois très foncé qui leur donnent des airs délicieusement lugubres. Les petites ruelles pavées sont bordées de vieilles maisons à colombages et poutres apparentes. Ce décor me ravit et je dois dire que Sibiu est de loin la plus belle ville que j’ai pu traverser en Roumanie.
Je ressors plein ouest sans utiliser ma boussole ! Débute alors une route bien difficile à travers des collines vertes où paissent des troupeaux. Par endroit, je repère quelques vignobles. De fait, les communes d’ici s’enorgueillissent de leur vin de qualité. Je n’aurai pas l’occasion d’y goûter. Dans ces magnifiques villages, il y a toujours une belle place dominée par une église très typique. C’est étrange, mais la Bourgogne de mes premières étapes se rappelle à moi. La région est très semblable et le relief également. Cela ne fait que monter et descendre. Ce terrain est très usant d’autant que la route est envahie par les camions. Je tiendrai un décompte rapide, il y a plus de camions que de voitures qui circulent sur cette route. Et un seul vélo évidemment. A la manière dont ils me doublent je peux déterminer leur pays d’origine. Les roumains me frôlent à la limite du cordial, les bulgares me klaxonnent longtemps à l’avance et les turcs prennent beaucoup de précautions pour me dépasser.
J’arrive à Sebes en début d’après midi et découvre une bien jolie ville avec une superbe cathédrale et des fortifications. Je me repose quelques instants, car les kilomètres sont difficiles à avaler dans ces belles collines. Finalement la fin du parcours ne sera qu’une formalité : 15km de descente.
J’atteins Alba Iulia qui sera mon point final pour aujourd’hui. J’ai pas mal de temps avant la tombée de la nuit, les jours sont vraiment longs désormais et m’autorisent de belles virées touristiques. Alba Iulia est une ville fortifiée de type Vauban qui ressemble assez à Belfort, ma ville natale. L’enceinte a été construite par les autrichiens au XVI et XVII siècles. Le profil en double étoile superposée est très caractéristique de cet ouvrage défensif. Les portes pour franchir les remparts sont admirables avec leurs sculptures sur des thèmes militaires. Il y a des gardes en costume d’époque pour le folklore ! A l’intérieur on trouve quantité de bâtiments somptueux, logis de garnisons reconvertis en une grande université et une bibliothèque. Mais le plus merveilleux reste la grande cathédrale construite pour le mariage d’une reine d’Autriche. C’est un amoncellement de tours et colonnes mises dans un ordre difficile à percevoir au premier coup d’œil. La couleur jaune pastel du bâtiment lui donne un éclat particulier sous le soleil. Le dôme central doré brille de mille feux. Le parvis forme un joli parc très bien entretenu (rare dans ce pays) et bordé d’un chemin de colonnes en spirales. C’est somptueux ! Mon défi du jour est de trouver un endroit pour dormir à l’intérieur des remparts. Défi un peu trop facilement relevé : un bâtiment de l’université est en réfection. Je m’y installe discrètement. Ce soir, le ciel est chargé, il va peut être pleuvoir. On verra bien demain. Demain est un autre jour…

1 commentaire:

  1. Doina Hendre Biro30 mai 2010 à 07:30

    Bonjour,

    J’admire votre courage et votre volonté de fer, suivant chaque jour votre itinéraire!
    Je suis sincèrement contente d’avoir fait votre connaissance lors de votre passage par ma ville Alba Iulia. Toutefois, je vous remercie pour la description de la place forte de ma ville, digne non pas d’un ingénieur, mais d’un historien d’art.

    J’espère vous revoir un jour et surtout, feuilleter votre livre, car j’en suis sure qu’il apparaîtra, tellement vous avez du talent littéraire!

    Dans ce sens, et avec votre permission, je voulais apporter quelques précisions historiques inhérentes : l’enceinte de la place forte a été construite par les Autrichiens au début du XVIIIe siècle ; l’université et la Bibliothèque Batthyaneum n’ont jamais été des logis de la garnison, cependant c’est le cas pour d’autres bâtiments ; le style architectonique de la Cathédrale est néo-byzantin et elle a été bâtie entre 1919-1923, pour le sacre du Roi de Roumanie, Ferdinand (de Hohenzollern Sigmaringen) et de la Reine Marie, après l’union politique de la Transylvanie avec le Royaume de Roumanie, qui a eu lieu le 1 décembre 1918.

    Avec l’amitié et le respect de Doina Hendre Biro

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
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La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
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C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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