11 mars 2010

Direction cap Nord


Coïncidence incroyable, ce matin au petit déjeuner de l’auberge, je rencontre un Belfortain qui passe également quelques jours à Istanbul. Cela me fait du bien d’entendre parler du faubourg des Ancêtres et de divers patelins du Territoire. Je ne m’attarde pas trop car le temps est menaçant et sortir de la ville ne va pas être une partie de plaisir. Je redescends d’abord lentement les rives du Bosphore, puis prends la direction Nord Ouest vers la colline de Pierre Loti. Ce mont porte le nom d’un écrivain français qui s’est installé ici pour écrire ses romans. Les montées dans les ruelles étroites sont démentielles et je grimperai la majeure partie en poussant le vélo avec peine. Au sommet, la vue sur toute la ville est époustouflante. Le détroit se fraye un chemin tel un serpent, partageant cette cité millénaire en deux parties. Pour ma part je continue de monter en direction d’Arnavutköy, 30km à rouler dans la banlieue sans intérêt particulier. L’état des routes est vraiment déplorable, mais au moins je trouve mon chemin assez facilement. Les indications de Zafer me sont très utiles. Le trafic est aussi moins dense, c’est par ici qu’il aurait fallu aborder la ville hier. D’habitude le plus simple est d’entrer dans une ville par la côte, mais ici c’est l’inverse. Une fois arrivé à Arnavutköy je m’octroie une pause bien méritée devant la grande et belle mosquée verte et blanche. Ensuite, c’est enfin un peu de verdure et de campagne qui remplace les immeubles de béton. Que c’est agréable ! Autant j’ai été subjugué par le bouillonnement stambouliote, autant cette quiétude rurale me fait le plus grand bien. J’entame alors un jeu de montagnes russes qui va durer toute la journée. Jamais plus de 200m de plat. Ca ne fait que monter et descendre avec des pentes assez raides. Mais ces belles collines verdoyantes me récompensent de tous mes efforts. Par moment, je croise un cours d’eau qui a creusé un véritable canyon dans le granit. Ce relief tranche avec la rondeur de la topographie alentour et c’est très joli, mais aussi très dur à franchir…Yassiören est un petit village rural ou l’on cultive les champs avec des charrues tirées par des bœufs ou des chevaux et il y a aussi des ânes dans les prés. Je m’y arrête pour midi. On est là vraiment dans une autre Turquie que celle de ce matin. Comme partout, on m’offre le thé ! Ensuite démarre la longue descente vers un superbe lac niché au creux du relief. A peine le temps de contempler le paysage qu’il faut remonter tout en haut…Le revêtement est très rugueux et très usé si bien que je dois redoubler d’efforts pour avancer. C’est vraiment usant. Peu après la végétation change et j’entre dans une immense forêt qui s’étend jusqu’à l’horizon. Mais ça continue à monter et …à descendre, je vous rassure. Au final je m’arrêterai à Binkiliç après 95km éprouvants. Ici on commence par m’offrir un thé évidemment, puis 2, puis 3. Je rencontre toute la communauté du village qui m’accueille à bras ouverts. On me trouve une grange bien isolée pour dormir cette nuit. Youssouf m’apporte même du pain et des fruits pour le repas du soir. Je suis épuisé et ne tarde pas pour aller me coucher.

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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