18 févr. 2010

Split

Julia me réserve encore une surprise ce matin. Outre le bon petit déjeuner, elle m’offre du pain et de la viande pour la route. J’accumule un peu les denrées en ce moment et j’ai un peu de mal à manger tout ce que l’hospitalité croate m’offre ! Il pourrait bien pleuvoir aujourd’hui, du moins selon la météo croate. Le ciel est couvert mais le plafond nuageux est assez haut et donne confiance pour ce matin. Le vent est quasi nul si bien que j’en profite pour rouler assez vite en direction de Split. Passage à Trogir et Kastela où les massifs montagneux m’imposent leur puissance ténébreuse. Les nuages semblent avoir du mal à franchir cette immense barrière. Kastela compte plusieurs châteaux comme son nom l’indique. Ils sont visiblement d’époque médiévale avec leurs tours carrées et leur enceinte de créneaux. L’entrée dans Split n’est pas très agréable, il faut parcourir de longs boulevards à 2 fois 3 voies qui desservent les zones industrielles et les banlieues avec leurs barres d’immeubles. Blocs de béton gris alignés avec une rigueur toute militaire. Par contre la vieille ville est classée au patrimoine de l’Unesco. De petites ruelles pavées de dalles blanches lissées par le passage des piétons. Au détour d’une habitation je débouche sur une petite place dominée par une superbe cathédrale tout de blanc vêtue. Ses colonnes en spirale et ses voûtes sont magnifiques. La place de l’horloge est plus ouverte et lumineuse. Une très belle tour carrée portant une grosse horloge de fonte forme la porte de la vieille ville. Je mange tranquillement dans ce décor magnifique, profitant de la douceur du climat pour une petite sieste au milieu des touristes japonais qui prennent mon vélo en photo ! La promenade du bord de mer est sublime. Je l’emprunte pour sortir de la ville. Mes jambes sont excellentes aujourd’hui, surtout en l’absence de vent. C’est souvent le cas après quelques étapes difficiles, je tiens une forme du tonnerre. Les bons repas offerts par les croates si généreux y sont surement pour quelque chose. La route est facile jusqu’à Omis où je découvre un paysage stupéfiant. Les montagnes sont très abruptes et se découpent en éperons rocheux. Un petit cours d’eau a pourtant réussi à se frayer un chemin au milieu de cette barrière rocheuse. Il a découpé la montagne au fil des siècles et a creusé un canyon où deux falaises de plusieurs centaines de mètres se font face séparées d’à peine vingt mètres. Sans doute le plus impressionnant des paysages croates. Après Omis par contre la route s‘élève et c’est 12 km d’ascension en plein soleil. Je suis en surchauffe. Mes jambes sont dures après plus de cent kilomètres pour aujourd’hui et cette montée n’en finit plus. Dieu que c’est dur ! Mais pourquoi cette route monte t’elle si haut à flanc de falaises alors qu’elle pourrait très bien longer la mer tout en bas ? Pourquoi ? Pour rejoindre la route nationale qui passe de l’autre coté des cimes ! Tout ça pour me décharger un flux continu de voitures et de camions, vraiment rageant. Par contre la vue de là haut. Waouh !!Ces falaises à pic qui se jettent dans la mer me donnent le vertige. D’ici la couleur de l’eau est incroyable. L’eau est si claire que l’on en voit le fond. En face une ile et ses petits villages accrochés aux flancs de la montagne. Je descends tranquillement vers Brela. Je suis « claqué » pour aujourd’hui. Ici la générosité est incroyable. Il me suffit de cinq minutes pour trouver où dormir au chaud. Les gens m’abordent pour me questionner sur mon voyage. Un touriste en cette saison et qui plus est en vélo, ça n’est pas commun. On m’offre d’abord du pain et de la charcuterie pour le repas du soir. Puis carrément, Marin m’invite à manger chez lui. Et quel repas ! Œufs bacon salade, ragout de cerf et gnocchis, fromage croate, pain complet et crêpes aux framboises pour finir. Marin est désolé que j’ai trouvé ailleurs où dormir ce soir mais je ne peux pas faire faux bond à Anton qui m’a ouvert une suite de luxe pour cette nuit !

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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