1 janv. 2010

Bonus Espagne - Portugal : épisode 1

Allez, comme vous avez été nombreux à me témoigner votre engouement pour mes premiers récits, cela m’encourage à partager avec vous quelques anecdotes et bonus étonnants ou cocasses. J’espère que vous apprécierez !

Commençons par ce qui vous a visiblement beaucoup marqué dans mon journal et qui semble vous intéresser au plus au point : la rubrique pipi-caca !

Il est vrai que j’ai parfois décrit mes troubles intestinaux et stomacaux avec davantage de détails qu’il eut été nécessaire. Et les pois chiches du Cap Finisterre ou les mandarines de Valence en ont fait sourire plus d’un. Mais comprenez bien que, seul face à la nature et l’effort physique, je suis devenu très attentif à mes rythmes biologiques et très à l’écoute de mon corps. Qu’il s’agisse de micro douleurs en pédalant ou de maux de ventre, je me dois d’être vigilent pour éviter de laisser la moindre ouverture à une défaillance physique. C’est un peu ça la vie de champion ! ;o)

Les premiers symptômes qui m’ont étonnés ont été des flatulences quasi permanentes dans la journée. Bien que je ne renie pas la propulsion par réaction sur mon vélo, cela m’a un peu interloqué dans les premières semaines. François me suggèrera que cela puisse indubitablement provenir des amandes et autres cacahuètes que je consomme tout au long de la journée. Le pic sera atteint au Portugal où l’on me sert quotidiennement cette merveilleuse soupe au chou et haricots rouges. Effet garanti en société ! Mon périnée aussi a droit à son entraînement de choc !

L’examen des selles devient une étape obligée dans le parcours quotidien du cyclotouriste. D’autant plus que déféquer en extérieur favorise cette inspection. Attention, je ne prends pas les choses à la légère. Outre la consistance et la couleur, régulièrement je vérifie scrupuleusement à l’aide d’un bâton que tout ce qui est entré a bien été digéré et assimilé. On y découvre alors des choses surprenantes comme les pépins de raisin ou de mandarine intacts (et des fragments de satanés pois chiches). Alors je vous en prie, ne blâmez plus ces êtres délicats qui demeurent buccalement incapable d’ingurgiter ces fameux pépins. Ils s’épargnent en réalité les efforts vains de leur système digestif pour venir à bout de ses graines indestructibles. Après mûre réflexion, je suppose que la nature a choisi de leur conférer cette invulnérabilité pour disséminer les semences aux quatre coins de la contrée par le biais des petits oiseaux et autres prédateurs affamés de baies sucrées…

C’est d’ailleurs en inspectant mes selles tous les matins que je me suis fait la réflexion suivante à propos de mon rythme biologique. Tous les matins la routine est absolument identique : je me lève et à l’instant où je finis de plier mon duvet, je suis pris d’une envie pressante pour la petite commission. Je fais ma petite affaire puis prends tranquillement mon petit-déjeuner en détaillant mon parcours du jour. A peine ma cuillère rangée dans mon sac que je suis pris d’un réflexe pavlovien m’indiquant qu’il est l’heure pour la grosse commission. Ensuite je c’est assez inégal dans la journée, jusqu’au soir. Et à l’instant où je déplie mon duvet, l’envie du pipi rejaillit pile à l’heure. Je me suis plus ou moins éduqué à ce rythme au début du voyage et désormais je suis réglé comme une horloge (plus ou moins car ça ne se décale pas avec les fuseaux horaire ou le changement d’heure mais on se comprends, hein ?). Les besoins du soir sont très utiles pour ne pas avoir froid car il s’agit d’un volume de liquide que votre corps n’aura plus à réchauffer. On peut aller plus loin et remplir une bouteille d’urine pour se servir de bouillotte dans la nuit comme le font les participants aux expéditions polaires. Je vous rassure, j’ai beau être un peu timbré sur certains aspects du voyage, je n’en suis pas arrivé à cette extrémité (qui a dit « pas encore ? »). Les besoins du matin sont également naturels et proviennent de l’élimination des toxines produites pendant la nuit, j’aime bien m’en débarrasser le plus vite possible car cela m’évite de les transporter sur les premiers kilomètres.

Ca vous fera peut-être sourire mais je me force souvent à un petit pipi en bas des cols. Un petit kilo de moins à emmener la-haut et aussi facilement éliminé, ça ne se refuse pas. Il ne m’est arrivé qu’une fois de me retenir en haut pour voir si je descendrais plus vite. La descente était très longue et j’ai freiné tout le temps donc ça n’est pas très utile. En plus le froid m’a donné encore plus envie… C’était pas très malin !

En parlant de pisser le long des routes, je me suis retrouvé de nombreuses fois sur une route côtière avec un vent provenant du large. Je ne vous fait pas de schéma, mais vous connaissez le proverbe « Qui pisse au vent, se rince les dents ! » Donc la première fois j’ai repeins mes chaussures, les fois suivantes j’étais l’attraction du bord de route.

Sans enter trop en profondeur dans mes développements philosophiques, ma relation au corps s’est radicalement modifiée. Je le considérais d’abord comme un moyen de locomotion, presque comme un prolongement de mon vélo qu’il fallait donc entretenir et alimenter pour faire durer le voyage. J’ai donc rapidement perdu tout excès de pudeur (et de libido mais c’est une autre histoire) parfois pour le plus grand plaisir des automobilistes de passage !

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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