Je repars ce matin toujours vers le nord. Depuis Antequera, les sols sont recouverts d’oliviers jusqu’aux 4 coins de l’horizon. Pas une parcelle n’est laissée à une autre culture. Ma route slalome entre les champs et au sommet de la côte de La Parilla, je contemple l’étendue inimaginable des terres destinées à la culture d’oliviers. Tous ces oliviers plantés en ordre de bataille, bien alignés comme une armée attendant un assaut qui ne viendra jamais. Le soleil tape très fort. Tout est silencieux sur cette petite route. Je bascule de l’autre côté de la colline et entame le descente vers le barrage de Iznajar. Je ne sais pas si ce sont les barrages qui rendent les paysages si fantastiques mais encore une fois, au détour d’un virage, mon regard plonge vers l’étendue d’eau et je reste sans voix. La montagne tombe littéralement dans la rivière et seules deux petites îles résistent à l’eau qui s’étend partout au fond de la vallée. En face, à ma hauteur, fièrement dressé sur un pic, le château d’Iznajar semble narguer le barrage de ne pas s’être fait immerger. Les créneaux de pierres ocres surveillent tout de même d’un œil le pont en contrebas pour ne pas se faire surprendre par une crue soudaine. Je descends jusqu’au pont, puis le traverse. Mon regard a du mal à se détacher d’une telle beauté mise en valeur par un soleil radieux. Sans doute un peu distrait, je crois que ma route remonte dans la cité et j’entame une ascension complètement démente vers le château. Arrivé en haut la vue vaut largement celle d’en face sauf qu’en lieu et place de la ville d’Iznajar, la pente est couverte d’oliviers. Je demande ma route et on me fait redescendre jusqu’en bas c’est ballot !!! Au moins j’ai réussi à poster mon journal qui commençait à prendre un peu de place dans mes sacoches au grand désespoir de mes fans impatients d’avoir des nouvelles.
Je prends donc la route(la bonne cette fois) vers El Higueral 10 km d’un ascension aussi démente. Probablement les plus forts pourcentages (et oui encore) jamais franchis. Un enfer d’épingles et de rampes si droites qu’elles viennent à me démoraliser. Cette route n’est pas du tout aménagée. Si le terrain monte, la route le suit parfois avec quelques virages, mais souvent tout droit : c’est plus court !! Après avoir poussé mon vélo plus d’un kilomètre j’arrive enfin dans le village. Il est midi et je n’ai parcouru que 39km mais tant pis, je ne veux pas aller plus loin. Je me repose et reprends des forces. Le village est commun, mais la vue sur les champs d’oliviers est remarquable. A 13h30, j’hésite à continuer ma sieste ou à repartir. Je décide de me lancer pensant qu’El Higueral était le sommet. Pas du tout, ça continuera de monter pendant encore 5km et sous un soleil de plomb. Mais le destin est de mon côté. Au bord de la route je repère une pièce de 2 euros. Je m’arrête pour la ramasser, puis de centimes en centimes je tombe sur un sac plastique rempli de monnaie. Bilan du butin : 10,46 euros. Aide toi , le ciel etc….Je poursuis ma montée alourdi par ce cadeau du ciel, une sorte de récompense pour les efforts fournis aujourd’hui. La redescente vers Priego de Cordoba n’en est pas une en fait, plutôt une route vallonnée et donc vraiment usante pour le moral. Je commence à en avoir plein les chaussettes, mais les oliviers me tiennent compagnie et m’encouragent. Après chaque bosse je fais le pari que je vais trouver une autre espèce d’arbres, mais dans 90% des cas je perds. Que des oliviers hormis quelques chênes ou figuiers plantés au bord de la route pour m’inciter à jouer. Priego est une ville pleine de rues à sens unique. Je dois la traverser tout droit, mais ici ce n’est pas si simple. L’église est jolie, mais comme dans beaucoup de villes andalouses, il est impossible de la contempler en entier, on n’a pas assez de recul. Je m’en vais vers Alcoudete et apprécie au centuple la vaste plaine bien plate, et évidemment couverte d’oliviers ! Je suis une petite rivière qui s’engage dans des gorges très étroites : à droite, comme à gauche, des pics à 1000m et moi en bas à environ 600m. Il s’agit de Las Angosturas, du moins c’est ce qu’indique le panneau. Mais pour moi c’est la rivière bénite, elle m’évite encore une grimpette que mes jambes n’auraient pas supporté. Je roule encore 20km histoire d’atteindre les 90 km au compteur. J’arrive à Bobadilla et dés mon arrivée, les anciens me saluent et m’encouragent. Puis ce sont les enfants qui comme hier me harcèlent de questions…En 20mn l’affaire est pliée. Je dormirai sous le préau de l’école. En attendant tous les hommes du village se réunissent au terrain de sport qui jouxte l’école. C’est vendredi et on profite du weekend. On me propose profusion de nourriture et on me concocte un super bocadillo (sandwich) de jambon. Il est délicieux et je lui trouve une saveur particulière. En l’ouvrant je comprends vite, ce n’est pas du beurre mais de l’huile d’olive évidemment. Je me couche à 21h30, repu. Je serai tout de même réveillé par la fanfare du village qui répète dans l’école en vue de la fête de Jaen le weekend prochain. Les cornilleros, sorte de petits clairons récitent des solos de toute beauté, tristes et gais à la fois. Ces airs de flamenco me bercent jusqu’à ce que je tombe dans les bras de Morphée.
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