Ce matin il y a un peu de brume et la route vers Martos n’est pas très intéressante, du moins elle ressemble à celle d’hier : des oliviers partout. Puis je m’engage plein ouest pour rejoindre Jaen. Là tout change, la route commence à s’élever et les oliviers se font plus rares.
Tout est visiblement plus rocailleux et sec. Je traverse la sierra de La Grana, puis me retrouve nez à nez dans le grand canyon après Los Villares. On se croirait aux Etats Unis, des falaises ocres qui se font face et au fond coule une rivière mais toujours avec un mince filet d’eau. Comme les gorges d’hier, le paysage est bref et d’autant plus étonnant qu’autour rien ne ressemble à cela. Je ne m’inquiète pas des particularités géologiques du coin et me contente d’apprécier la beauté du site en mangeant quelques figues sèches. La descente sur Jaen me permet d’apercevoir de très loin la cathédrale. Plus on se rapproche, plus on se rend compte à quel point elle est exceptionnelle. A son pied je suis déjà conquis et à l’intérieur je suis émerveillé devant sa beauté. Les plafonds blancs sculptés et les colonnes alignées lui donnent un air rigide mais tous les autels parés de dorures et de peintures chaudes invitent au recueillement. Je sors juste avant la messe et quitte la ville encore un peu dans les nuages. 30 km sans intérêt plus loin, je quitte la grande route au fond de la vallée sans passer par Baeza et Ubeda perchés sur leurs montagnes. Je sais que je m’engage sur des routes « scabreuses » puisqu’elles sont repérées par des pointillés sur ma carte. Ce sont donc plutôt des petits chemins. Jusqu’à un premier barrage tout va bien. Mais ensuite il s’agit bien d’un chemin mi pierreux mi goudronné. Tout est bien plat le long de la rivière, alors je m’en contente. Compte tenu du terrain, je n’avance jamais à plus 15km/h mais ça me change un peu et je suis complètement seul au monde. Le temps me permet de faire un petit bilan de mon périple et de penser aux retrouvailles avec ma famille pour Noël. Ce passage de 20km sera finalement une belle parenthèse dans cette journée. Au niveau d’un deuxième barrage (toujours rien à voir) je retombe sur une belle route qui m’emmène vers un village : San Miguel. Je décide qu’il s’agira de mon point de chute pour aujourd’hui, 120 km quand même. Arrivé à destination ce n’est pas trop ce que j’espérais. Il s’agit plus d’un hameau que d’un village. D’ailleurs à l’entrée subsiste un panneau stipulant « San Miguel, 63 vivendas » ! Mais devant l’église en ruine, au milieu des trois ruelles non goudronnées, non pavées, il y a un abri qui semble honnête…Je n’aime pas trop les samedis soir, car les jeunes sortent dehors très tard et je suis parfois dérangé. Au moins ici je serai tranquille. En fait il y a bien une fête de jeunes dans le garage d’une maison et lorsqu’ils m’aperçoivent, je suis invité à boire une bière. C’est l’anniversaire de Carlos et il fête ça dignement avec une dizaine d’amis. Au milieu du garage trône une cheminée et c’est grillade party. Lorsque je leur explique mon voyage, on me fait une place de choix et me gave de toute sorte de viandes : saucisses, côtes de porc, dindes, gambas etc.…A ma quatrième bière, je suis totalement intégré dans le garage et vient justement le gâteau d’anniversaire. En tant qu’invité d’honneur, j’ai le privilège de le couper et de servir Carlos bien entendu. A 23h je suis encore une fois repu et fais signe qu’il est l’heure pour moi d’aller dormir. On me donne un sac de provisions avec sandwich, biscuits, fruits et même 2 bières ! Quelle belle soirée, quelle fine équipe..Alors que je suis en train de rentrer dans mon sac de couchage, un autre homme m’interpelle et me fait signe de le suivre. Il possède une superbe résidence à louer dans le village et me la confie pour la nuit. C’est limite une villa de luxe avec un mobilier très design et coloré, mais de bon goût. Il est tard je n’ai pas le temps d’apprécier le jacuzzi et je vais directement me coucher dans un bon lit de 2 personnes bien chaud et moelleux.
Finalement un super samedi !
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