Sans le savoir j’ai dormi dans le dernier village avant la descente du plateau. Il fait encore bien froid ce matin et je supporte largement mes gants de soie dans la grande descente vers Banor de Fuente. A l’ombre il y a même du givre sur les côtés, j’en avais déjà repéré hier. De jolis points de vue sur la Sierra Martes. Je me délecte d’avoir encore à admirer un horizon un peu escarpé. Par contre il faut monter et redescendre plusieurs belles côtes avant d’atteindre Requena. Mais avec l’entrainement intensif de la semaine dernière, j’avale les montées à des rythmes incroyables. Je sens vraiment que j’ai basculé sur la côte méditerranéenne lorsque j’aperçois tous ces pins qui bordent la route et couvrent ces montagnes, un changement total d’univers en à peine 20km. Je traverse Requenas après une petite pause à l’ombre des remparts du château. Ma route part plein nord pour éviter l’autovia de Valence. Il y a quelques pieds de vignes avec encore du raisin. C’est fou ce qu’un pied de vigne peut symboliser pour moi. Les vignes ont un peu jalonné mon parcours, Bourgogne, Pays de Loire, Charente, Gers, un eu dans le Pays Basque, au sud de la Galice, partout au Portugal et un peu en Andalousie. Je ne pensais pas trouver encore du raisin en cette saison et même si certains grains sont secs, il est encore bon et rafraîchissant. Ma route s’élève, je m’y attendais un peu vu le tracé sinueux sur ma carte. La montée est cette fois usante avec ce soleil qui chauffe. La descente est superbe dans une vallée toute verte, couverte de pins. Les versants sont façonnés par le ruissellement de l’eau qui forme des replis étonnants. Je m’arrête au petit village de Chera où l’église me permet de faire une belle sieste au soleil. Je reprends ma route vers 14h. Elle devient minuscule et très mal revêtue. C’est une route « verte » qui passe à flanc de montagne, aussi je garde espoir de voir de beaux panoramas. Le chemin devient plus étroit et on conseille de klaxonner dans les virages. Alors j’use de mon sifflet pour prévenir de mon arrivée. Mais peine perdue, je suis tout seul ! Les falaises sont impressionnantes par leur hauteur. Les couleurs sont grises sur les versants abrupts et vertes dès que le terrain permet aux pins de pousser. Je suis déjà sous le charme de ce « desfiladero », mais vient ensuite encore un barrage qui va me couper le souffle. A 200m la retenue d’eau et ses quelques îlots m’apparaît enfin. Comme souvent la vue est magnifique. Je suis seul au monde et je crie mon bonheur, seul l’écho me répond. La route continue dans ces gorges magnifiques pendant une quinzaine de kilomètres avec quelques belles côtes pour arriver dans un village où le temps semble être suspendu. Tout est calme… Je croise quelques vergers d’orangers et me sert grassement. Je fais quelques réserves sans me douter de ce qui m’attend par la suite. Car une fois dans la vallée, je découvre une étendue impressionnante d’orangers. Il y en a à perte de vue et tous gorgés de fruits. Dans cet univers de culture, je cherche désespérément le village d’El Romeral où j’ai prévu de dormir ce soir. Mais ici il n’y a pas de village seulement quelques fermes au milieu des champs. Le réseau de chemins agricoles me fait tourner en rond un bon moment. Ca me permet au passage de trouver d’autres oranges bien sûr, mais aussi des mandarines et du bon raisin blanc bien sucré. A 17h j’en ai marre de chercher un village (qui n’existe pas) et je demande ma route à un propriétaire terrien qui traite ses oranges. Plutôt que de m’envoyer à El Romeral, il m’ouvre une jolie cabane bordant son champ. Ce soir c’est oranges à volonté
24 nov. 2009
Encore un barrage époustouflant
Sans le savoir j’ai dormi dans le dernier village avant la descente du plateau. Il fait encore bien froid ce matin et je supporte largement mes gants de soie dans la grande descente vers Banor de Fuente. A l’ombre il y a même du givre sur les côtés, j’en avais déjà repéré hier. De jolis points de vue sur la Sierra Martes. Je me délecte d’avoir encore à admirer un horizon un peu escarpé. Par contre il faut monter et redescendre plusieurs belles côtes avant d’atteindre Requena. Mais avec l’entrainement intensif de la semaine dernière, j’avale les montées à des rythmes incroyables. Je sens vraiment que j’ai basculé sur la côte méditerranéenne lorsque j’aperçois tous ces pins qui bordent la route et couvrent ces montagnes, un changement total d’univers en à peine 20km. Je traverse Requenas après une petite pause à l’ombre des remparts du château. Ma route part plein nord pour éviter l’autovia de Valence. Il y a quelques pieds de vignes avec encore du raisin. C’est fou ce qu’un pied de vigne peut symboliser pour moi. Les vignes ont un peu jalonné mon parcours, Bourgogne, Pays de Loire, Charente, Gers, un eu dans le Pays Basque, au sud de la Galice, partout au Portugal et un peu en Andalousie. Je ne pensais pas trouver encore du raisin en cette saison et même si certains grains sont secs, il est encore bon et rafraîchissant. Ma route s’élève, je m’y attendais un peu vu le tracé sinueux sur ma carte. La montée est cette fois usante avec ce soleil qui chauffe. La descente est superbe dans une vallée toute verte, couverte de pins. Les versants sont façonnés par le ruissellement de l’eau qui forme des replis étonnants. Je m’arrête au petit village de Chera où l’église me permet de faire une belle sieste au soleil. Je reprends ma route vers 14h. Elle devient minuscule et très mal revêtue. C’est une route « verte » qui passe à flanc de montagne, aussi je garde espoir de voir de beaux panoramas. Le chemin devient plus étroit et on conseille de klaxonner dans les virages. Alors j’use de mon sifflet pour prévenir de mon arrivée. Mais peine perdue, je suis tout seul ! Les falaises sont impressionnantes par leur hauteur. Les couleurs sont grises sur les versants abrupts et vertes dès que le terrain permet aux pins de pousser. Je suis déjà sous le charme de ce « desfiladero », mais vient ensuite encore un barrage qui va me couper le souffle. A 200m la retenue d’eau et ses quelques îlots m’apparaît enfin. Comme souvent la vue est magnifique. Je suis seul au monde et je crie mon bonheur, seul l’écho me répond. La route continue dans ces gorges magnifiques pendant une quinzaine de kilomètres avec quelques belles côtes pour arriver dans un village où le temps semble être suspendu. Tout est calme… Je croise quelques vergers d’orangers et me sert grassement. Je fais quelques réserves sans me douter de ce qui m’attend par la suite. Car une fois dans la vallée, je découvre une étendue impressionnante d’orangers. Il y en a à perte de vue et tous gorgés de fruits. Dans cet univers de culture, je cherche désespérément le village d’El Romeral où j’ai prévu de dormir ce soir. Mais ici il n’y a pas de village seulement quelques fermes au milieu des champs. Le réseau de chemins agricoles me fait tourner en rond un bon moment. Ca me permet au passage de trouver d’autres oranges bien sûr, mais aussi des mandarines et du bon raisin blanc bien sucré. A 17h j’en ai marre de chercher un village (qui n’existe pas) et je demande ma route à un propriétaire terrien qui traite ses oranges. Plutôt que de m’envoyer à El Romeral, il m’ouvre une jolie cabane bordant son champ. Ce soir c’est oranges à volonté
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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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