10 nov. 2009

Changement de décor




Ce matin, je quitte donc la ville par la mer. Au moins cela m’évitera d’avoir à traverser d’immenses banlieues sans trop savoir si je vais en sortir vivant ! En plus le prix de la traversée est dérisoire 0,80 euros si j’arrive à me faire passer pour un local, pour les touristes c’est 2,5 euros. Grâce à mes cours accélérés de portugais au squatt je remplis ma mission haut la main au guichet du port ! Arrivé en face à Cacilhas je comprends vite que je vais quand même devoir traverser une banlieue sur au moins 20 km, mais c’est tout plat. C’est étonnant d’ailleurs de voir à quel point les deux rives sont différentes. Une fois à Moita, c’est le cap à l’est vers ce Portugal que l’on m’annonce si différent. Et c’est vrai que le décor est complètement changé. Pour commencer je traverse de grandes zones marécageuses pas très intéressantes. Le vent du Nord me pousse de travers et je profite de ces petites routes désertes pour faire un petit bilan de mon voyage. J’ai vécu tant de choses extraordinaires depuis mon départ ! Je quitte la rivière et tout devient d’une sécheresse extrême. Les villages se font de plus en plus rares et je traverse de longues forêts de chênes lièges dont les troncs rouges et les feuillages verts se mélangent jusqu’à l’horizon. Le sol est ocre et le ciel bleu. Mes pensées se perdent dans le tournis des branchages des chênes : allégorie parfaite de mon chemin tortueux et des diverses émotions traversées.
Un peu avant Parceirao, je fais une petite pause à l’ombre d’un mandarinier. Les arbres croulent littéralement de fruits et pour ceux qui me connaissent vous savez qu’ils représentent toute mon enfance… Ce moment restera un bonheur suprême que je ne suis pas prêt d’oublier.
Je rattrape finalement la grande route vers Vendas Novos. Elle sillonne un paysage désertique vraiment surprenant par rapport au Portugal que j’avais traversé. Ici rien ne se passe, il n’y a pas un brin d’herbe, à peine quelques orangers parsemés ci et là. Dans les jardins on ratisse la terre à la manière des jardins japonais pour se donner bonne figure, mais rien à faire : le soleil écrase tout ! Je croise mes premiers cactus et des figues de barbarie. Je n’ose pas en manger, je ne suis pas sur de mon coup…Après 113 km au compteur, je me retrouve à 16h30 à Montemor o novo : superbe cité au sommet de la colline et dominée par un magnifique château. De là haut on peut contempler toute le région. Les collines et les vallons sont parsemés de petits arbres verts et des troupeaux de moutons apparaissent lorsqu’on force le regard. Le château m’offre un abri idéal pour la nuit. Et avec internet à la bibliothèque, c’est un peu la vie de château ! Le lieu du bivouac est magique, sous la tour carrée avec une vue sur les environs et la ville blanche aux toits oranges. Sans conteste le plus beau depuis le départ…

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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