25 oct. 2009

Un repos bien mérité


J’ai donc dormi dans l’immense auberge pour les pèlerins qui débarquent chaque jour en masse à Santiago. La nuit n’a pas été aussi reposante que je l’avais espéré, car dans le gigantesque dortoir de 150 lits il y a forcément 2 ou 3 ronfleurs. Mais au moins maintenant mes affaires sont sèches et je suis propre comme un sou neuf. Quel plaisir aussi de pouvoir échanger de vraies phrases avec quelques Français et Anglophones, ça me change de mes 3 ou 4 phrases de base en Espagnol. C’est peut être ce dont j’avais le plus besoin parce qu’il est vraiment usant de faire tous les efforts du monde pour expliquer des choses aussi basiques que : Je vais ici Je fais cela…
L’ambiance du lieu est très particulière et vraiment propice aux échanges, tout le monde à envie de partager un peu de ses impressions, de son pèlerinage et puis c’est une manière de le faire perdurer un peu. Quand on arrive à Santiago, tout nous renvoie à la fin de quelque chose, à la fin du chemin et quand la route est votre quotidien pendant de longues semaines, c’est dur de sentir que tout s’arrête ici et maintenant. Bien que je ne m’arrête pas ici, cette sensation m’a un peu contaminé et je suis pris d’une sorte de nostalgie langoureuse qui m’empêche de me libérer. La journée est radieuse (enfin) et c’est dimanche. Tout le monde ici va à la messe recevoir l’encensement béni. Ma nouvelle vision de la ville est totalement différente, elle est superbe, c’est un musée médiéval et gothique à ciel ouvert . La moindre échoppe, le moindre trottoir est une merveille qui respire les siècles d’histoire écoulés ici…
En point d’orgue la cathédrale brille désormais sous le soleil et resplendit. La messe est en espagnol et en partie en latin. : je ne comprends pas grand chose mais l’évènement est grandiose. Quand vient le moment du balancement de l’encensoir, c’est une effervescence indicible qui s’empare de la nef. L’orgue couvre les hourras de toute sa puissance, la fumée s’empare de l’air et filtre les rayons du soleil échappés par les vitraux. C’est un moment très fort que je ne suis pas prêt d’oublier. Pour me remettre de ces émotions, je retourne à la taverne à volonté pour ce midi. J’en profite pour faire quelques réserves pour le repas du soir. J’avais prévu quelques sacs plastiques cette fois. Je sors de table complètement repu et profite du soleil pour m’étendre un peu et digérer. L’après midi sera consacrée à la visite des monuments de la ville et à déambuler dans les petites rues pavées du centre. Par contre, pas moyen de trouver un accès internet , dommage !
Le soir venu, je contemple la ville depuis les hauteurs. Je resterais bien là toute l’année. Finalement, Santiago est bien celle qu’on décrit, elle est même plus que ça parce que chacun semble ressentir la ville à sa manière et apporte un peu de soi. Cette cité n’est ni plus ni moins qu’une convergence de toutes les cultures dans un même but pacifique et humble. C’est une ville extraordinaire, au caractère volontairement ordinaire. Elle résume si bien l’état d’esprit du chemin. Je m’endors encore au chaud à l’auberge avec ces idées en tête. Il sera difficile de repartir demain et de quitter Santiago.

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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