22 oct. 2009

Trop de signes pour être ignorés

J’ai bien dormi dans la salle internet de la commune. J’étais bien au chaud (un peu trop même) alors que dehors j’entends les averses battre les toits de la petite commune. Je dois me lever tôt pour être sûr de ne pas être surpris en flagrant délit de vagabondage….
Alors j’attends de longues minutes enroulé dans ma couverture de survie que le jour veuille bien se lever. Aujourd’hui le programme est simple : avancer jusqu’à Ribadéo, scruter le ciel et décider de la suite. S’il semble faire beau, je prendrai vers le Nord en direction de la côte sauvage et de La Corogne . Si le temps me paraît incertain je plongerai vers le Sud dans l’idée d’atteindre Santiago pour ce week-end. Le jour se lève et il semble que le ciel soit dégagé, par contre le vent souffle très fort. Ce sont les thermiques de la côte qui soufflent depuis les terres vers la mer et qui chassent les nuages. 20 km plus loin, le soleil brille comme à mon départ de Belfort. Grâce à ces vents je pourrai sans doute rouler au sec le long des côtes : je décide de prendre vers le Nord.
Mais la route en décide autrement, une erreur de direction, un pont trompeur, des panneaux confus : je me retrouve sur la route du sud sans même m’en rendre compte. Quand l’évidence me saute enfin aux yeux je décide de couper à travers pour rattraper l’itinéraire du Nord. Couper à travers pour l’Espagne c’est se retrouver à pédaler dans des côtes à 10% sur du goudron étalé à la truelle, puis redescendre sur des routes jonchées de branches mouillées, de feuilles, de châtaignes et de graviers fraîchement déversés par camions entiers pour boucher les trous. Efforts intenses dans la montée, frayeurs et concentration ultime dans la descente, cette boucle supplémentaire de 20 km entame ma sérénité. Lorsqu’enfin je rattrape ma route, je me trompe tout simplement de sens!!
Je prends à gauche au lieu de droite, une deuxième erreur due à la fatigue et au fait que deux villes portent le même nom à 30 km de distance. Au sommet du col de Mondonedo, je me résigne. Deux erreurs évidentes c’est peut être qu’inconsciemment je ne veux pas affronter la côte…
Je laisse le sort décider pour moi, je m’éloigne de la mer sans même avoir pu lui dire au revoir et je m’enfonce vers les montagnes. Le temps devient exécrable et mes jambes sont tétanisées par toutes ces péripéties. A Villalba je m’arrête faire quelques courses, le jambon fumé et le fromage sont vraiment abordables, alors je me laisse tenter. En sortant du magasin, il pleut des trombes d’eau. Mon compteur affiche 85km c’est déjà inespéré quand on sait que je m’attendais à une journée complète de pluie. A la sortie de la ville, il y a un joli parc avec un moulin à eau et un bel abri. La nuit tombe, je me délecte de pâtes jambon fromage et me couche sans penser à demain.

1 commentaire:

  1. "une erreur de direction , un pont trompeur, des panneaux confus : je me retrouve sur la route du sud sans même m’en rendre compte"
    "Je prends à gauche au lieu de droite" - Dis moi t'as vraiment des problèmes d'orientation quand même.
    Quand pendant ton périple tu verrai des panneaux ou il est indiqué 中国 appelle moi je viendrai te chercher

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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