Nous nous réveillons de bonne heure car le soleil pointe ses rayons dès 6h du matin . Les deux pompiers de service nettoient un peu la caserne pendant que je consulte le journal pour voir les prévisions météo. On annonce du soleil dans les jours à venir et ça suffit à mon bonheur. Vadoslavz tient à m’emmener chez lui pour partager le petit déjeuner. Il m’explique le chemin et nous voilà partis sur les petites routes de campagne lituanienne. Sous les rayons rasants du soleil du matin, les petits lacs prennent des allures de beaux miroirs pour refléter la beauté des roseaux. Vadoslavz habite une ferme très isolée dans une quiétude inégalable. Je rencontre sa petite famille qui se réveille doucement en ce beau dimanche de printemps. Au menu de ce matin, un délicieux thé accompagné de petits beurres, du pain et de la mortadelle. Je me régale une fois de plus. Une fois la collation engloutie, Vadoslavz me présente les autres habitants de la ferme : des poules, des moutons, une vache et son veau, des oies et des cochons. La ménagerie est au complet. En contrebas de la colline sur laquelle sa ferme se dresse fièrement, il y a un petit étang et une cabane en bois. Il s’agit d’un sauna que Vadoslavz utilise l’hiver pour se revigorer. Nous discutons un peu (dans une langue inimaginable) du climat de la Lituanie. Les hivers sont de plus en plus rigoureux et la quantité hallucinante du bois de chauffage qu’il range sous un abri en atteste. Nous sommes tous deux des amoureux de la nature et des choses simples. Le courant passe vraiment instinctivement entre nous. Il m’offre une douzaine d’œufs que sa femme a fait cuire pendant que nous discutions. Je m’éclipse de ce petit coin de paradis avec un étrange sentiment de jalousie. Que j’aimerais vivre ici ! Tout est si merveilleux, si simple et d’une beauté inégalable.
Ce matin ma route est à l’image de la veille : une pure merveille et je dois me contrôler pour ne pas m’arrêter tous les cinquante mètres pour prendre une photo. Ces petits lacs, ces collines vertes partout, les sapins et les bouleaux, chaque élément semble avoir été posé avec soin pour créer un décor de rêve. En plus, le vent est avec moi et me pousse vers l’est. Je roule sans effort, me contentant d’avancer pour aller voir la prochaine merveille qui me tend les bras derrière chaque horizon. En point d’orgue de cette matinée de rêve, j’aboutis au parc national de Trakai. Les lacs s’étendent désormais sur plusieurs hectares et les petites maisons de bois colorées les entourent comme un anneau de lumière. Les roseaux sont formels et me confirment que les vents sont avec moi. A Trakai, je rencontre un groupe de français qui visitent la Lituanie sac au dos. Ils sont vraiment sympathiques et me souhaitent bonne route. Je pars sur la piste cyclable qui longe le grand lac et apprécie chaque instant de ce pays magique. Dans le village, il y a de petites rues très charmantes où toutes les maisons sont en bois. Il y a aussi une belle église et les ruines d’un château. Mais l’intérêt de Trakai c’est avant tout son château, construit sur une presqu’île au milieu du lac. Il est splendide et date du 12ème siècle. Entièrement fait en briques rouges et couvert de tuiles. C’est le plus pur style moyen age avec d’énormes murailles, un pont-levis, de grosses tours de défense et un donjon. A l’intérieur on peut parcourir le chemin de ronde et admirer tous les colombages et charpentes en bois. Il est entouré d’un joli parc ombragé où je prends le temps de profiter un peu du soleil pour manger.
Après une bonne sieste, je pars pour Vilnius et le vent fort me pousse encore à des vitesses folles. Je trace comme une bombe vers la capitale Lituanienne. Peu avant d’entrer en ville, je traverse un grand lotissement de maisons très design où l’influence scandinave est indéniable. Que ça parait froid après le charme de toutes ces fermettes en bois que j’ai contemplées ce matin. Vilnius est bordée par une immense forêt de sapins, si bien que l’on se retrouve instantanément de la campagne à la ville en quelques centaines de mètres. A peine rentré dans le centre que je rencontre Thomasz, un cycliste de 19 ans qui s’entraîne pour les futures compétitions de l’été. Nous sympathisons et il tient à me guider pour me faire visiter la ville. Je ne pouvais rêver meilleur accueil et meilleur guide. Thomasz connaît la ville comme sa poche et il connaît aussi très bien l’histoire et la culture de son pays. Pour débuter il m’emmène sur la place de l’indépendance où trône l’immense parlement. C’est un bâtiment hyper-moderne dont les lituaniens semblent très fiers. Thomasz me raconte comment sa nation s’est libérée du joug soviétique en 1991 après que 11 manifestants aient été abattus depuis la tour de la TV. Il reste d’énormes blocs de béton en commémoration, ce sont les restes des barricades. Ce lieu est chargé d’histoire et représente beaucoup pour le peuple lituanien. Cela transparait dans la majesté de la place et dans son ambiance de paix. Nous descendons ensuite de grandes avenues très belles où tous les immeubles sont d’un style classique du 18eme siècle. La ville a été dessinée par un unique architecte ce qui lui confère une unité indéniable. Les façades sont dans des tons pastels : jaune, orange, vert, bleu et encadrées par des moulages blancs représentant des colonnes et des frises d’inspiration antique. Telle est aussi la cathédrale qui resplendit d’une blancheur immaculée au bout de cette avenue. Surplombant la ville, le château médiéval est lui construit en briques. Il n’en reste qu’un mur et une tour carrée. De là haut, on peut contempler toute la ville et toutes ses églises sur la rive droite du fleuve. Sur la rive gauche, c’est la ville nouvelle qui s’est développée avec ses immenses tours en verre et ses avenues commerçantes. Thomasz me détaille chaque centre commercial comme s’il s’agissait d’un monument d’importance majeur dans la ville. Héritage des périodes de vaches maigres sous l’ère soviétique…Nous poursuivons notre visite des nombreuses églises et des édifices symboliques du pouvoir. Je retiendrai particulièrement la cathédrale St Bernadus de style gothique. Elle est aussi en briques, son architecture en ogives et en voûtes est caractéristique. L’histoire raconte que Napoléon a voulu la ramener en France lors de son passage dans cette ville ! Nous nous baladons au centre ville et je ne me lasse pas des immeubles à l’architecture classique qui resplendissent partout dans la capitale. Vilnius est une ville très calme où il y a peu de circulation dans le centre. Les parcs et les espaces verts sont nombreux le long du fleuve. Cette quiétude tranche avec d’autres capitales que j’ai pu visiter. Il faut dire que Vilnius ne compte que « 500 000 » habitants, Cela aide à conserver un certain calme dans les rues piétonnes. Avec cette longue visite, il se fait assez tard. J’ai déjà bien roulé aujourd’hui (plus de 100km quand même). Je trouve facilement une auberge de jeunesse tout près du centre et dans mon budget. Je fais mes adieux à Thomazs et le remercie chaleureusement pour le temps qu’il m’a consacré. Je ne pouvais rêver meilleur guide. A l’auberge, je rencontre un américain qui se vante à qui veut l’entendre qu’il a visité 14 pays d’Europe en deux mois. Je le laisse débiter ses paroles, puis quand vient mon tour de me présenter, je le remballe publiquement en douceur ! Cette scène m’a fait beaucoup rire. Un petit tour sur internet pour donner des nouvelles, une bonne plâtrée de pâtes et je vais me coucher. Une journée d’une richesse incroyable s’achève. Une des plus intense de mon voyage. J’adore la Lituanie !!
17 avr. 2010
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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.

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