16 avr. 2010

Premiers tours de roue en Lituanie

La nuit a été vraiment fraîche pour ne pas dire froide. Je pense que le lac crée une atmosphère humide qui a augmenté ma sensation de froid. Mais j’ai quand même réussi à bien dormir. Ce matin j’ai été réveillé par des claquements de bec des cigognes qui envahissent la région. On en trouve absolument partout. Les couples occupent chaque poteau électrique sur des kilomètres à la ronde. J’avale mon petit déjeuner et file de bonne heure. Le jour se lève très tôt, vers 5h30, car je monte de plus en plus vers le nord. A peine quinze kilomètres pour arriver à la frontière, mais ils sont magnifiques car ma route se faufile entre de petits lacs au milieu d’une grande zone marécageuse. Toujours pas le moindre douanier à la frontière, je reste dans l’espace de Schengen et je réalise combien cette avancée diplomatique est une chance pour nous les européens. Me voilà en ex-URSS sans avoir à fournir le moindre document : quelle liberté formidable ! Première inquiétude levée, l’état de la chaussée est absolument nickel, pas le moindre gravillon. Pour l’instant, le paysage est identique au côté polonais : de petits cours d’eau qui se font lacs au creux des buttes couvertes de verdure. C’est magique et je ne me lasse pas de contempler ces décors naturels. J’arrive dans les premiers petits villages de campagne et je découvre alors toutes ces maisons en bois. Elles semblent très anciennes, mais sont parfaitement entretenues. Leur architecture est très typique : une base rectangulaire sur laquelle sont empilés de gros rondins de bois qui dépassent des murs aux angles. Les fenêtres à croisillons blancs sont minuscules et doublées pour augmenter l’isolation. Ici on ose la couleur, du jaune citron, du vert amande, de l’orange, du bleu ciel…C’est comme un arc en ciel lorsque je traverse le village. On se croirait dans un monde merveilleux, resplendissant, dans un dessin d’enfant. Je trouve au village suivant (à Sérijai) une église en bois peinte en jaune. Les soubassements sont marron et le toit en cuivre vert. Cette nouvelle explosion de couleurs au cœur de cet univers vert pâle que sont les pâturages me laisse rêver. Dieu que c’est beau, calme et silencieux. Cette matinée est un véritable conte de fée où je m’émerveille de tout ce que je trouve au bord de ma route. La Lituanie semble déjà tellement jolie et dépaysante. Je m’arrête à Alytus pour manger. C’est là, la première grande ville de ma route. C’est une capitale régionale mais pour autant elle n’est pas très peuplée. La Lituanie m’apparaît comme une terre très sauvage et assez peu urbanisée. Et cette impression se renforce cet après midi au fur et à mesure que je m’enfonce dans la campagne. Il y a très peu de villages, toutes les fermes sont éparpillées sur des collines vertes. Je trouve quelques coins de paradis où je réverais de m’installer pour y couler des jours paisibles. Un petit étang minuscule et bordé de roseaux, le relief rebondi et vert tout autour, un petit bois tout proche et au milieu de ce décor : une petite cabane de bois jaune et rouge avec une cheminée qui fume. Il n’y a pas de route qui y mène, tout juste un petit chemin qui serpente entre les collines. C’est superbe ! Ce tableau je le retrouve à plusieurs reprises ou plutôt à chaque virage, au sommet de chaque côte, à la lisière de chaque petit bois. Je suis sous le charme de la Lituanie. Je m’arrête à Pivasiunai car c’est le seul « vrai »village à vingt kilomètres à la ronde. Je passe devant le petit poste des pompiers et échange mes premiers mots en lituanien. Ce ne va pas être facile car c’est très différent des langues slaves auxquelles j’avais fini par m’habituer. Les deux pompiers de garde, Vadoslavz et Reminus sont d’une gentillesse et d’un enthousiasme formidable. Impossible que je dorme dehors ; il y a de la place pour moi sur le canapé de la salle de garde. Ils me nourrissent également de bons biscuits épicés, de ce pain noir délicieux et d’une salade de riz. J’apprends que je retrouve mon fuseau horaire, le soleil se couchera donc une heure plus tard ce soir, soit au delà de 21h. Je m’endors bien au chaud, ravi de cette première journée en Lituanie. Si mon parcours dans ce pays est à l’image d’aujourd’hui, je devrais passer du très bon temps ici.

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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