13 avr. 2010
La plate Pologne
Départ de Wotomin, sous le soleil encore une fois. Il est tombé quelques gouttes cette nuit mais tout s’est dissipé au lever du jour. J’envisage de partir vers l’ouest pour rejoindre la route nationale à Radzymin, soit dix kilomètres face au vent qui souffle assez fort ce matin. En arrivant à ladite route, mauvaise surprise, elle est à quatre voies et interdite aux vélos contrairement à ce qu’indiquait ma carte. Tant pis je reprends la petite route vers l’est pour rejoindre mon itinéraire initial. Le vent me pousse avec une force incroyable dans la campagne polonaise complètement plate. Un peu avant Jadow, le vent me pousse de plus en plus vite. Je descends toute la cassette et le vent me fait encore accélérer. J’hallucine complètement lorsque je me retrouve à passer sur le grand plateau dans cette montée. J’enroule des braquets énormes toute la journée. Il n’y a pas grand chose à voir par ici. Ce n’est pas déplaisant mais rien d’extraordinaire à visiter. Ce sont des champs, des villages et des forêts en alternance. Ce n’est pas monotone pour autant car les champs ne s’étendent pas jusqu’à l’horizon. Il y a toujours une petite forêt ou un cours d’eau pour rompre la monotonie du paysage. Je traverse un gros affluent de la Wista en fin de journée : le Bug qui porte bien son nom car la zone est marécageuse et infestée de minuscules mouches qui me couvrent le visage et les bras. J’arrive à 15h à Ostrow Mazowiecka après avoir roulé comme une « bombe » toute la journée. Je pourrais continuer mais j’ai du mal à trouver la motivation. C’est une bourgade de province qui abrite une belle église en briques et quelques parcs où il fait bon se reposer en cette douce après midi. Je prends le temps d’imprimer quelques cartes pour rallier la frontière lithuanienne, puis me pose dans un agréable parc pour une petite sieste. Il y a une sorte de mini scène-auditorium abritée qui sera parfaite pour moi cette nuit. Une femme et sa petite fille m’abordent et la conversation s’engage gentiment. Je lui explique que je vais dormir ici et c’est tout naturellement qu’elle me propose de la suivre jusque chez elle. La grand mère s’appelle Teresa et la petite tête blonde Victoria (amusant n’est ce pas !) A la maison je fais connaissance du grand père Taddeus, fort porté sur la bouteille, puis de la fille Magdalena. Encore une famille sans papa où les femmes tiennent leur foyer en ordre alors que leurs hommes s’adonnent à l’alcool. J’ai vraiment l’impression que ce pays se tient debout grâce à la force de ses femmes admirables qui sont bien aimables de s’occuper des « vieilles poches à vin »qui hantent les maisons comme des spectres titubants. Victoria est très affectueuse et n’arrête pas de me serrer dans ses bras. Elle me montre sa chambre bien ordonnée et me présente ses peluches. Pour le reste, la communication reste chaotique. Heureusement Teresa apporte un grand atlas et je peux détailler mon parcours en ponctuant chaque région d’Europe de « dobre, dobre ! » ou « nie dobre ! » (beau, joli et pas beau) Au repas de ce soir une délicieuse choucroute en tout point identique à celle préparée en Alsace. Les saucisses fumées sont encore une fois un régal. On n’est pas très dessert en Pologne, on se contente le plus souvent d’un thé. Je vais me coucher à 20h après les informations télévisées. Je comprends alors que non seulement le président et sa femme sont décédés mais aussi de nombreux députés, généraux de l’armée et experts en multiples domaines. Quelle tragédie ! Aujourd’hui les enfants ont repris le chemin de l’école et le pays s’est remis doucement en marche. Je crois percevoir que les polonais ont besoin de repartir de l’avant, sans forcément oublier. Mais il n’est pas bon de ressasser le malheur à longueur de journée.
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17- Pologne
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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.

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