13 mars 2010

Güle Güle Turkiye


Départ aux aurores, le salon de barbier ouvre à 7h, alors je dois quitter les lieux de bonne heure. Dès le lever du jour, j’enfourche ma bicyclette, encore des collines à franchir ! Dommage que le temps soit aussi couvert, car ces paysages doivent être formidables sous un rayon de soleil. Malheureusement le ciel est encore bas aujourd’hui et la brume enveloppe encore les sommets. J’ai pas mal d’avance et je profite un peu des thés qu’on m’offre sur la route. Usküp, Yundolen, Hacifakili, autant de charmants petits villages qui s’égrainent sur cette route secondaire. Puis je bifurque plein nord vers Derekoy et la frontière bulgare. Les montagnes que je longeais tout à l’heure sont face à moi désormais et il va falloir les franchir. Ce sont des efforts intenses, pendant plus de deux heures à grimper toujours plus haut. A partir de Demircihalil, les premières plaques de neige bordent la route. Il fait froid, mais je suis en nage sur ces pentes abruptes. Je descends du vélo à maintes reprises pour aborder les passages les plus pentus, mais même à pied c’est éprouvant ! Je m’arrête pour manger au chaud dans un village. Les rues ne sont pas déneigées et il y a encore une belle couche de neige. Je retourne sur la grande route et il me reste encore vingt kilomètres avant la frontière. Encore deux heures de souffrance pour franchir ces hautes montagnes. L’épaisseur de neige est impressionnante par endroit : plus de 50cm ! J’atteindrai la frontière et une fois n’est pas coutume, c’est le soleil qui m’accueillera au poste de douane. Je laisse la Turquie derrière moi avec regrets car elle m’a offert son plus beau visage. L’hospitalité ici n’est pas une légende, c’est une seconde nature ! Entrée en Bulgarie et première déception, il n’y a même pas un panneau « Bulgaria », ni même une bannière étoilée signalant le retour en Union Européenne. Tant pis pour la photo symbolique. La route est dans un état déplorable. D’habitude elle est à peu près correcte au niveau de la frontière pour donner une bonne impression. Ici c’est crevasses, fissures et nids de poule en continu. Pire qu’en Albanie, c’est pas peu dire. La descente est très dangereuse d’autant que le déneigement a été fait à la va vite. Je serre les freins et les fesses pendant 10km jusqu’à Malko Tarnovo. J’en profite pour apprécier la vue sur la vallée et les monts enneigés, c’est de toute beauté sous ce soleil d’hiver. Une fois en bas, je m’arrête à l’église orthodoxe dont le dôme est paré de dorures qui scintillent au soleil. J’y échange mes premiers mots en Bulgare et me débrouille si bien que je suis invité à dormir chez Stanka. Cette vieille femme me rappelle Julia rencontrée en Croatie par sa ferveur et son attention à mon égard. Je me régale d’anchois, de riz et d’olives alors qu’elle se contente de pain et de soupe : carême oblige. Le pain d’épice maison est une pure merveille, je n’en ai jamais mangé d’aussi bon. Je me couche ensuite dans de beaux draps propres et sous de chaudes couvertures. Dehors il se met à pleuvoir.

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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