15 févr. 2010
La côte Croate
Ce matin je quitte Crikvenica après avoir échangé nos adresses avec Théo. Lui part pour l’université de Rijeka pour ses examens et moi, je continue mon aventure le long de la côte. On annonçait un peu de pluie, mais même si le temps est couvert en ce début de matinée, le ciel se dégage peu à peu pour m’offrir un beau soleil. Cette route est une merveille, un bijou de la nature que je découvre de kilomètre en kilomètre. Les falaises blanches et vertes continuent de m’accompagner à ma gauche et la mer turquoise me dévoile ses charmes à ma droite. Un peu au large on voit les îles de Krk, Prvic, Goli et Rab. Elles ont aussi de belles falaises en pierre blanche qui se jettent dans l’Adriatique. La route est une épreuve pour mes mollets. Dieu que c’est dur d’avancer, ça ne fait que monter et descendre avec des pentes irrégulières dont le pourcentage croit de mètre en mètre pour se raidir encore un peu plus avant le sommet de la falaise. Et puis il y a le vent ! Une force incroyable qui me fait enrager. Alors que j’ai globalement eu un flux de nord dans toute ma remontée de l’Italie, je m’encourageais en pensant qu’une fois la Croatie atteinte je l’aurais dans mon dos. Mais l’inversion de tendance me joue des tours, cette fois nous sommes dans un flux de sud et j’ai toujours le vent de face…Les rafales atteignent un niveau dément lorsque la route passe à flanc de falaises de chaque côté, un peu comme dans un tunnel dont on aurait écroulé le plafond. Le vent s’y engouffre avec force et me stoppe. Parfois pourtant, à la faveur de la sortie d’un de ces petits fjords magiques dont cette côte a le secret, je l’ai dans le dos, enfin. Ces criques sont formidables, la roche blanche confère à l’eau des teintes surréalistes. On y trouve parfois quelques barques de pêcheurs qui ajoutent à l’authenticité du paysage. Les hameaux sont faits de brique et de broc. Ce sont plus des cabanes que des maisons que l’on y trouve et souvent ils ne sont pas desservis par une route. Les habitants se garent en haut puis empruntent de petites ruelles d’escalier pour rejoindre les habitations en contre bas. Le dépaysement est total. En dehors des grosses stations balnéaires notées sur ma carte, la pression immobilière semble avoir encore épargné ces lieux où le temps n’a plus court. Je mange à midi au sommet d’une belle côte un peu avant Starligrad. Le seul bruit que je peux entendre ici est celui d’une cognée qui fend quelques bûches. Il y a également le tintement d’un troupeau de chèvres un peu plus haut. Et si c’était ça le bonheur ! Se retrouver là et profiter simplement du soleil ! J’avais peur de subir un trafic intense sur cette unique route de la côte, mais pas du tout. C’est même complètement désert en cette basse saison. Je m’en réjouis. Cet après midi, ce sont toujours ces décors fantastiques qui m’accompagnent, avec le vent évidemment qui ne me lâche pas d’un boyau. La route s’élève très haut au large de l’ile de Rab et le panorama à admirer me coupe le souffle après m’avoir coupé les jambes. On aperçoit une multitude de petites iles dispersées dans cette univers bleu. C’est incroyablement joli. Le vent dépose de petites ridules blanches aux sommets des vaguelettes comme si la mer était saupoudrée de sucre glace (c’est le deuxième effet des beignets de carnaval de Don Pierro). Il faut venir ici pour voir et comprendre ce que tout le monde dit sur cette côte. Aucune description, aucun compliment sur ce paysage ne peut retranscrire l’atmosphère sereine qui règne dans cette garrigue. Un endroit magique ! Pour finir ma route redescend lentement vers Karlobag où j’ai prévu de m’arrêter pour aujourd’hui. Joli petit centre tout en pierres blanches, surplombé par un beau couvent. Pas évident de trouver où dormir ce soir et je passe pas mal de temps à arpenter des ruelles minuscules. Finalement je rencontre Bobo (Boris) et Néna sur les hauteurs de ville. Ils me logent dans une superbe location et m’offrent tout le confort : douche, repas, internet etc…Mes cours d’allemand sont un peu loin, mais il me sont d’un grand secours pour converser avec les Croates qui maitrisent à peu près eux aussi la langue de Goethe. Je m’endors encore une fois bien au chaud dans un lit douillet. Demain il devrait pleuvoir, c’est un autre jour.
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09- Croatie
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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.

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