28 nov. 2009

Un air de déjà vu



On est Samedi et comme chaque fois, les cyclistes de la région envahissent les routes et me saluent chaleureusement. La route pour atteindre Barcelone longe toujours la Costa Daurada mais est désormais interdite au camion. Et pour cause, très étroite, elle se trouve nichée sur le flanc de la falaise qui plonge dans la mer. Je ne m’attendais pas à un si beau parcours pour atteindre la métropole catalane. Le grand et franc soleil du matin procure de brillants reflets dorés à la mer d’azur. Les rochers vêtus d’une garrigue verdoyante s’éclairent jusqu’à m’éblouir lorsque je passe de l’ombre à la lumière. Dans le ciel bleu, les cirrus dessinent des courbes fantasques sectionnées par la rectitude des traînées de condensation laissées par les avions en approche de l’aéroport. Tout est en place pour une matinée formidable.
Entrer dans une si grande ville n’est jamais aisé et mes aventures sévillanes me restent encore en tête. Pour tant ici, je n’aurai aucun mal, le plan d’attaque mis en place la veille se déroulera sans la moindre anicroches. Je suis la direction de l’aéroport jusqu’à traverser le Llobregat. Ensuite je vise Montjuic qui est visible à plusieurs kilomètres à la ronde. Je repique plein Nord pour esquiver les pentes de ce magnifique parc olympique. Et à la Plaça de Catalunya, je redescends en direction de la mer par l’avenue Parallel pour saluer ce cher Christophe Colomb. C’est presque trop facile ! Il faut dire que, sans prétendre connaître la ville de fond en comble, nous l’avons largement sillonné en vacances il y a deux ans et demi avec ma cousine Anne-Gaëlle et Cedric. Alors le nom des quartiers, des places et des avenues me sont familiers, forcément ça aide. Je me dispense du circuit touristique, ici j’ai comme l’impression d’être chez moi. C’est étrange car je n’y avais finalement passé qu’une semaine. Mais ce sont les premiers lieux familiers que je rencontre depuis plus de trois mois alors l’effet en est peut-être décuplé…
Passage obligé devant l’auberge dans laquelle nous étions logés et avons fait de formidables rencontres. Nostalgie. Rien n’a changé. Je renfourche ma monture en direction de la Rambla et de ses spectacles de rue, traverse la Plaça Reial vers le quartier gothique. A chaque coin de rue, je replonge deux ans an arrière… Je passe devant l’église… Il devrait être là… Il est là ! Notre repère ! Taller de Tapas ! Un bar à tapas qui nous nourrissait chaque jour ! Midi approche et il est clair que je ne vais pas passer mon tour pour cette fois. Salade russe, patatas bravas, anchois frits et chorizos au cidre, le tout accompagné d’une cerveza. Du bon gras comme il m’en fallait pour régénérer les batteries. Je sors de table complètement repu. Mais il faut repartir sans traîner si je veux sortir de l’agglomération avant la nuit. Pour cela direction le front de mer et sa piste cyclable ! Hop, en un rien de temps me voilà déjà sorti de Barcelone. Incroyable, ça n’aura jamais été aussi facile ! Et la piste cyclable continue le long de la plage. Elle continue même pendant 50 kilomètres, à travers Badalona, Vilassar del mar, Mataro. Le vent me pousse assez fort et tant mieux car mon festin de midi se rappelle un peu à mon souvenir (mais de quoi me le faire regretter). Je roule jusqu’à trouver un coin où la côte n’est plus urbanisée mais peine perdue, ça semble sans fin… Sur la plage il y a quelques paillotes fermées hors saison mais qui m’abriteraient bien pour dormir cette nuit. Un bon repas chaud, face à la mer et au dodo. Demain on annonce de la pluie, croisons les doigts pour que je puisse rouler. Ca m’embêterait de me retrouver coincé si proche de la frontière française…

2 commentaires:

  1. Un taller de tapas avec du chorizo et des patatas bravas miam miam

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  2. Rien que pour les chorizos ca valait le coup de se taper 7000km !
    A noter que j'ai trouvé les saucisses frites du Portugal encore meilleures.

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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