11 nov. 2009

Sans commentaires







Quand je me lève, toute la région est engluée dans un épais brouillard et je me tâte : dois je partir ou atteindre. Je décolle finalement dans l’espoir que ça se lève rapidement. En réalité les trente kilomètres jusqu’à Evora seront parcourus dans une purée de pois, mais avec mon gilet et sur la bande d’arrêt d’urgence de la nationale, je ne risque pas grand chose. Le long de la route, j’aperçois quand même quelques menhirs et dolmens. La région en est truffée. Par chance le temps se lève dès que j’arrive à Evora et j’ai droit à un soleil radieux pour visiter cette ville magique, également classée au patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Je pose mon vélo à l’office du tourisme et déambule dans les ruelles pavées de la cité fortifiée. Tout ici est absolument magnifique et il y a même un temple romain au centre de la ville. Je n’ai malheureusement que 2h à consacrer à la visite, mais il faudrait plus d’une journée pour en apprécier tous les trésors. Quand je pense que je voulais passer par la côte, merci Aldy de m’avoir orienté jusqu’ici. Je reprends mon vélo et je suis poussé par un vent du Nord sur un terrain archi plat et je fais des pointes à 30 km/h. Je me projette dans la région des lacs et des retenues d’eau. Il y a là de multiples petites collines toutes rondes et recouvertes de garrigue. Dans les vallons on a parfois la chance de découvrir un lac bleu azur. La roche est grise, la garrigue vert foncé, l’eau d’un bleu marine et le ciel bleu lacéré par les cirrus. Ce sont 30 km absolument magiques avec en point d’orgue le barrage d’Alqueva. C’est là que l’émotion devient intense, le paysage est si bluffant que des larmes de joie se mettent à couler. J’en ai marre de ce journal au même titre que je déteste mes photos. Comment retranscrire avec des mots ce que j’ai ressenti à ce moment précis où je découvre la retenue d’eau et ses couleurs incroyables. Toutes ces formes si harmonieuses, chaque détail du décor jouent précisément leur partition dans une symphonie fantasmagorique. Je pleure de longues minutes devant ce spectacle. Puis je m’apaise finalement et reprends ma route dans un état quasi second de béatitude. Rien que pour quelques minutes, déconnecté du monde, je sais que ce voyage en vaut la peine. Il pourrait s’arrêter là, je ne serais pas déçu. J’ai vu ici une réalité si parfaite qu’elle paraît droit sortie d’un rêve embué.
La route continue vers Moura et me régale encore, elle prend des airs de Far West ou de nouveau Mexique. Le sable est rouge et les cactus bordent les routes. A Moura j’appelle Dinas, un ami d’Aldy. A peine le temps de visiter le château qu’il vient me chercher pour m’emmener chez lui. Lui et sa petite famille sont vraiment sympas. Dinas m’emmène au bar boire quelques bières avec ses amis. Ici on cultive l’art de vivre et on prend son temps. Et ce n’est pas les belles prises de la pêche du jour qui me contrediront. C’est l’anniversaire de Dinas, alors c’est jour de fête. Je recharge les batteries de bonne viande, fromage, crustacés et autres légumes avec un traditionnel gâteau. Je suis repu et pars me coucher dans un bon lit douillet. La journée a encore été merveilleuse, je suis comblé de bonheur…

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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