Un gymnase pour la pluie, lorsqu’il pleut, ce n’est peut-être pas la meilleure solution : la pluie bat sur le toit, provoquant un vacarme assourdissant qui m’empêche de trouver le sommeil pendant de longues heures.
Quand ma montre sonne, je me demande si je ne suis pas encore plus fatigué que la veille. La pluie semble redoubler de minute en minute. Mes affaires sont encore complètement mouillées, soyons clair : je ne suis pas de bonne humeur !!!
Seule l’idée d’être ce midi à SANTIAGO me réjouit un peu. Comme la veille, je me lance dans le déluge. Au fur et à mesure que j’approche de la ville, les camions se font de plus en plus nombreux et pressants. Ils me déversent chacun d’énormes gerbes d’eau. Les deux premières me font pester, ensuite, je suis tellement trempé que ça ne change plus grand chose à mon état…Je roule donc les 20 premiers kilomètres le cerveau débranché avec comme seul but d’atteindre Santiago le plus vite possible.
Mais à 10 km du but, ma route se transforme en 4 voies interdites aux vélos. Il y a comme un problème là. !!!
Je prends la seconde sortie au rond-point, seul choix pour mon calibre, sans trop savoir où va cette route qui descend longuement…Arrivé en bas, ma boussole m’avertit de la probable mauvaise orientation. Les péripéties d’il y a deux jours m’auront au moins servi à cela.
Par chance, les éboueurs font leur tournée (ce sont d’ailleurs les seules personnes que j’ai vues dehors avant Santiago, ce matin là). Je demande ma route et on m’explique qu’en parallèle de la 4 voies, il y a un petit chemin de service : c’est ma seule option…Ca ne m’enchante pas trop, car il faut remonter trois km que je viens de descendre. Mais avec l’espoir de voir Santiago avant 13h00, je trouve la force de remonter. Il y a effectivement une route de service qui longe la 4 voies, mais dans quel état…Tantôt rocailles, tantôt torrent de boue, le chemin m’en fait voir de toutes les couleurs. Par moment je croise d’autres routes au niveau des échangeurs, mais ma boussole est formelle : Santiago est uniquement au bout de ce sentier tortueux, c’est là ma dernière épreuve.
Je suis plus que trempé, mes sacoches ramassent la boue à chaque flaque, je n’avance plus, empêtré que je suis dans ce bourbier espagnol qui semble ne jamais finir. Mais il finira ! Passé 15h00, j’atteindrai Santiago, l’entrée dans le centre-ville totalement pavé sera mon dernier supplice. Sous la pluie, la cathédrale me semble très froide de l’extérieur et le centre historique carrément lugubre. C’est donc pour cela que certains marchent des mois durant ? Ma mauvaise humeur l’emporte ! Vu mon état, je ne me pose pas trop de questions. Il me faut une nuit au chaud.
L’Office du Tourisme me renvoie vers l’auberge des pèlerins, son énorme dortoir rempli de voyageurs de tous horizons. Il y a des Espagnols, des Français bien sûr, mais aussi des Allemands, Italiens, Autrichiens, Finlandais, Américains, Péruviens, Coréens (très nombreux), Japonais…Une vraie Tour de Babel qui surplombe la ville. Le prix est très raisonnable et une fois passé sous la douche chaude, je vois la vie différemment.
Le soir, on m’oriente vers une taverne où l’on mange à volonté. Je me gave jusqu’à l’étouffement. C’est tellement bon de manger sans compter. Ensuite, il y a un concert d’orgues à la cathédrale pour digérer. Malgré mon état de fatigue avancé, la puissance de l’instrument, la dextérité de l’artiste et la religiosité des lieux me tiennent en haleine. En sortant, je jette un dernier regard sur ce bâtiment sinistre. Sous le ciel mauve, il me rend cette impression de force, je me sens petit, faible, anonyme. C’est donc cela que viennent chercher les pèlerins ! En m’endormant, je décide de rester en ville pour la journée de demain. Elle a visiblement plus à offrir que je ne l’avais perçu au premier abord.
24 oct. 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire