Je pars sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Alvis qui dort encore à 8h. Dehors, il fait grand soleil mais la nuit a été froide car tout est gelé. Les champs scintillent au soleil et m’offrent un spectacle fantastique dès les premiers kilomètres. Par contre, ce froid me transperce et j’ai beau ajouter des couches de vêtements, j’ai toujours aussi froid. C’est vraiment glacial ! Je ne retrouve la sensation de mes doigts qu’après une petite heure de route. Ensuite, le soleil aidant, l’air se réchauffe petit à petit. Quelle chance, j’ai le vent dans le dos ce matin et je vais pouvoir visiter Riga sereinement. La route est absolument déserte. Je ne croise que quelques voitures jusqu’à Baldone. Ce pays me paraît d’ailleurs complètement désert. Les villages sont très rares et ce ne sont chaque fois que quelques maisons. En Lettonie les maisons sont aussi en bois mais on n’ose moins la couleur. Les murs sont juste vernis et gardent une teinte très sombre. J’adore rouler dans ces conditions, ça avance vite et je suis en plaine nature. Je suis seul au monde ! Je retrouve cette sensation étrange et formidable d’être au bout du monde. Je réalise un peu mieux la folie de ce voyage. Je suis en Lettonie, au beau milieu de la Lettonie !!!Il n’y a rien que la nature à 360°. Que c’est fou ! Que c’est jouissif ! J’atteins Baldone vers 10h30 et le trafic commence à faire son apparition. Je retrouve la circulation et dix kilomètres plus loin, je rejoins la route de Bauska. Tous les camions déferlent et me voilà prisonnier de cette mélasse. Plus j’avance plus la situation empire. Enfin j’entre dans Riga, les camions prennent la voie de contournement et j’ai une belle piste cyclable qui me conduit au centre. Je passe le long du fleuve et découvre de charmants petits endroits de nature où les roseaux et les marécages ont stoppé la civilisation. C’est un peu comme à Vilnius, il y a de grands espaces naturels tout près du centre ville . Le fleuve se divise en plusieurs branches pour former un delta. Je retrouve le cours principal et suis étonné par sa largeur : 380m d’après mon compteur. Ma première vision de la ville est celle de la TV tower. Immense et hautaine comme à Vilnius. Ensuite je plonge vers la vieille ville et aperçois déjà de nombreuses tours et clochers. L’opéra est impressionnant par sa taille et son architecture héritée de l’union soviétique, très stricte, froide et imposante. Je m’installe sur la place de l’hôtel de ville pour manger un morceau à midi puis repars impatient de découvrir tous les trésors de cette cité. Dommage que le ciel se couvre, la lumière ne sera pas aussi magique qu’elle aurait pu être. La tour de l’horloge et son cadran en ambre et dorures prennent place sur un bâtiment en pierres au toit en escalier. Que de détails et de finesse dans les ornements, c’est sublime ! Un peu en retrait, la cathédrale me subjugue à son tour. Son clocher en briques rouges est surmonté d’une pointe et d’un bulbe en cuivre vert. C’est majestueux ! Le carillon me plonge encore plus loin dans la féerie du lieu. Les ruelles sont pavées et se fraient de petits passages entre les murailles de la forteresse. Par endroit, la muraille est renforcée par une énorme tour de défense. Je mitraille de photos. Il y a aussi le château qui garde l’arsenal et le port. Il est plus récent et brille d’une blancheur éclatante. La prison, de multiples églises, des bâtiments datant du 18eme siècle, des places paisibles, des parcs, il y a tant à voir et à découvrir. La densité des monuments est impressionnante. Je profite longuement de cette visite en déambulant au hasard des petites rues du centre. Puis je repars à vélo vers le nord et le port. Je découvre là, le plus grand tas de bois jamais vu. Il fait trois étages de haut, cinq troncs de large et 300m de long. C’est le bois en partance pour l’Europe.
Je traverse plusieurs bras du fleuve, c’est ravissant. Je m’enfonce ensuite dans une forêt de sapins qui longe la côte. Le sol est sablonneux et je peux sentir que la mer est proche. A Garciens, je craque et prends la première à droite pour enfin aller la rencontrer. Riga n’est pas construite en bord de mer et je ne l’ai pas encore vue. Nos retrouvailles sont féeriques ! Je laisse mon vélo dans la forêt puis grimpe la dune à pied. Au sommet, je découvre cette étendue infinie qui se confond avec l’horizon. Instant complètement magique et d’une intensité rare. Ici elle est préservée et sauvage. Je ne pouvais rêver meilleur endroit pour contempler à nouveau sa beauté…Combien de temps suis je resté ici à regarder le reflux des timides vagues ? Aucune idée. Le temps nécessaire pour savourer ces instants magiques. Garciens est un village assez riche. En témoignent toutes les maisons d’architecte un peu partout. Difficile de trouver où dormir. La gare a un bel abri et je compte m’y installer. En passant, je demande quand même au garage automobile pour voir. Super accueil de Talis ! Il possède une grande maison en bois où il organise des séminaires pour des entreprises. Il y a évidemment de la place pour moi. J’ai droit à une bonne douche et un repas copieux partagé devant l’écran géant de TV. Quel hasard, c’est France Lettonie en hockey sur glace. Talis a joué au hockey étant jeune et m’explique diverses stratégies. Les lettons sont très fiers d’avoir une équipe avec un pareil niveau pour un si petit pays. Après la défaite cuisante des bleus, nous discutons longuement des avantages et des inconvénient de l’Union Européenne. Talis se la joue à l’américaine avec son énorme pick-up et son téléphone hi-tech. La libération du pays, il en a profité et ne se prive de rien. Je vais me coucher bien au chaud. Dehors le ciel étoilé est impressionnant. Pas une lumière aux alentours, tout est silencieux.
21 avr. 2010
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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
Albert Einstein.
La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
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