3 mars 2010

Déjà le printemps


Ce matin le ciel est encore de mon côté : magnifique ! Je reprends la route le long du lac et des collines vertes qui l’entourent. Je n’en finis pas de m’émerveiller sur leurs rondeurs et leurs courbes gracieuses. Je suis parti de bonne heure comme à mon habitude désormais et j’ai tout le temps de me délecter du paysage. A Retina, c’est le bout du lac et le relief se resserre en une gorge étroite où coule la rivière qui fait jonction avec la mer. Les rochers saillants semblent percer le tapis végétal qui recouvre le relief. Le bruissement de l’eau de ce petit torrent est comme une douce mélodie à mes oreilles. J’avais peur que cette grande route côtière ne soit envahie par les voitures et les camions mais il n’en est rien. Au contraire, je suis absolument seul sur cette route en ce début de matinée. Rien ne manque à mon contentement. Je m’arrête quelques instants à Asprovalta pour manger un morceau à l’ombre de l’église. Comme toujours, le bâtiment répond au conformisme architectural des églises orthodoxes avec son dôme de tuiles orangées dominant de belles façades décorées de briques rouges et blanches. Je continue cette matinée le long du golfe de Strymonikos et apprécie grandement le décor de vergers qui ornent les collines environnantes. Les pommiers sont déjà en fleurs, la nature est en avance dans cette région baignée de soleil. J’ai un air de valse dans la tête depuis ce matin et j’imagine les arbres tournoyant au rythme des trois temps comme des jeunes premières qui participent au bal des débutantes…A Nea Kerdylia, la carte est fausse et m’oblige à un petit détour de 5km. C’est assez rare mais ça arrive. Pas de quoi entacher ma bonne humeur, je suis largement en avance sur l’horaire aujourd’hui. Je descends vers la mer à Kariani pour manger. 63 km au compteur et il n’est que 10H30. Repas sur le petit port de pèche et sieste au soleil écourtée par les aboiements incessants des chiens du voisinage. Retour sur la grande route, le paysage change un peu et se vallonne. La terre devient ocre et donne de drôles de teintes à la mer qui forme une écume épaisse sur le rivage. A midi, je trouve une belle chapelle sur le bord de la route avec une jolie fontaine. Avec cette chaleur, je n’hésite pas à m’y arrêter pour m’abreuver. J’en profite également pour faire une petite toilette. C’est toujours agréable quand il fait beau. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il fait trop chaud car j’ai vraiment besoin de soleil pour me remettre de mes petits soucis de santé. Je reprends mes habits d’été et espère retrouver mon bronzage qui a totalement disparu. C’est un vrai plaisir de rouler en sentant un vent rafraîchissant sur mes jambes et mes avant bras. La route est vallonnée mais pas trop d’efforts à fournir car j’ai une belle brise dans le dos. C’est magnifique d’avancer à ce rythme là. Je m’arrête à Nea Isaklitsa. Sur la plage je trouve un bar déserté qui me fait un abri parfait pour dormir. Comme je suis en avance je me balade dans le bourg et fais les boutiques. Au supermarché je tombe sur un aliment étrange appelé kalbas.
C’est bourré de calories (540kcal/100g) et pas très cher. J’en achète une boite pour tester ce « product of Greece ». Retour à mon abri pour la séance dégustation. C’est assez bizarre ! A mi-chemin entre le nougat et la meringue. C’est surtout super gras et sucré. En d’autres circonstances, j’aurais trouvé ça écœurant mais le cyclotouriste ne peut que se délecter de ce pavé d’énergie pure. Une nuit tranquille sous la pleine lune à écouter le clapotis des vagues sur la plage.

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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