12 nov. 2009

Une dernière portugaise








Ce matin je quitte Dinas, Paula et leurs deux ninos avec le cœur lourd, ils sont tellement généreux et simples. Ma la route m’appelle, je ne veux pas encore m’arrêter, j’ai fait assez de haltes cette semaine. Contrairement au plan établi par Dinas je prends plein sud dans l’espoir de gagner un peu de temps. Les premiers kilomètres sont un enchantement. Les plantations d’oliviers se succèdent sur les petites collines. Puis le décor devient plus coloré, il y a de magnifiques petites bosses toutes rondes et toutes vertes. La route se faufile entre ces globes aux courbes harmonieuses et quasi-féminines. Comme une caresse du bout du doigt j’effleure ce décor érotique aux couleurs plus intenses. Et puis j’arrive à Serpa dont le château et ses créneaux m’offrent un panorama magique sur ces divines petites collines. La ville est aussi merveilleuse tout de blanc vêtue au milieu de cet océan vert et ocre. Le soleil est au zénith, la carte postale est magnifique. Je ressors de la ville plein sud et le décor s’assèche. C’est le dépaysement total. La terre est d’un rouge profond et les rares arbres verts en rehaussent l’intensité. Je suis d’une humeur joviale et je chante à tue tête dans les descentes. Et comme la route est un champ de bosses, je joue à bloquer et à libérer mes suspensions à la manière d’un commandant de bord. « verrouillage de la porte opposée, armement des toboggans ». Bref je ne sais pas pourquoi, mais je délire complètement. C’est aussi ce décor incroyable qui me tape sur le système : comme une overdose de bonheur. Il faut dire qu’à chaque nouvel horizon franchi, je reste bouche bée devant le paysage. J’entre dans le parc national du Guadiana et fais la course avec un mouton échappé de son enclos. Je dois avouer que la bestiole a de la ressource dans ce faux plat montant. Finalement il s’échappe à droite à travers la forêt. Je débarque à Mira de Sao Domingo. Encore une claque, on pourrait se croire en plein Mexique. La route principale est goudronnée, mais pour le reste ce n’est que des petits chemins de terre battue. Le sable est rouge. C’est une ancienne cité minière qui a gardé toute son authenticité. Je m’y repose longuement à l’ombre d’un palmier. A 15h je reprends la route toujours vers le Sud. Je m’attends à tout moment à voir une carcasse de bovidé sur le bord de la route ou à entendre un coyote aboyer. La route est vallonnée et m’offre des panoramas grandioses avec la lumière rasante du soir. Je pourrais m’arrêter tous les 10 km pour prendre des photos. Je sélectionne les meilleurs points de vue. De temps en temps on voit une tache blanche à l’horizon au milieu des collines ocres. Il s’agit d’un petit village niché dans ce désert. Les façades blanches et bleues brillent au soleil. C’est un dépaysement total. Je remercie le ciel de m’offrir des endroits aussi magiques.
La route s’élève très haut pour révéler ce que j’ai vu de plus beau dans ma vie. Encore une retenue d’eau nichée dans les collines. Je ne peux pas le décrire, c’est absolument indescriptible. Je pleure de joie (encore une fois) devant une telle merveille. Je ne peux pas mettre de mots sur la beauté de ce paysage. Et puis un panneau « Espana 1km » !! Alors ça y est, je vais quitter ce beau Portugal. Je pleure : je ne veux pas…Je suis surpris il y a un pont de Février 2009 qui n’était pas sur ma carte.
Je pleure à chaudes larmes, le village qui m’accueille juste avant le pont est parfait. Le décor est magique, c’est comme si le Portugal m’offrait son plus beau présent avant que je le quitte. Tout mon trajet dans ce pays, tous ces gens formidables que j’ai rencontrés, c’est un déchirement difficile à accepter. Demain je parcourrai les 200m vers le pont puis ce sera l’Espagne avec un dernier regard en guise de remerciements vers ce pays incroyable. Je n’étais jamais venu au Portugal avant ce périple, mais je jure de revenir. Ce soir je m’endors sur le port fluvial avec le cœur lourd…La nuit est pleine d’étoiles et il y en a une qui doit briller pour moi. Un habitant me repère et l’on discute un peu. Je ne suis même pas étonné lorsqu’il revient quelques instants plus tard avec du lait et des biscuits….Le Portugal, tout simplement.

2 commentaires:

  1. Peut être trouves tu tes photos moches et en as tu marre que ton journal ne retranscrive pas complètement tes émotions et ton ressenti... Mais merci car juste "l'aperçu" (à en croire ton jugement) est déjà un tableau magnifique !
    Merci pour cette découverte du Portugal. En route pour la suite !!

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  2. Salut Aymeric !

    Tu n'imagines pas à quel point je t'envie... tu vis ce dont je rêve depuis des années, encore plus depuis le projet avorté de cet été... alors tu as plutôt intérêt à continuer ce journal et ces photos, je VEUX suivre ton parcours comme si j'y étais :D

    Mes parents sont très heureux d'avoir des nouvelles de toi et de l'avancée de ton périple, je leur ai donné l'adresse du blog mais je ne sais pas s'ils le visitent souvent ; dans tous les cas je leur fait un compte-rendu régulièrement (oui, je surveille tes nouveaux messages presque quotidiennement ;))

    Nous sommes très heureux pour toi et te souhaitons toujours plus de réussite dans ce voyage qui semblent tenir toutes ses promesses et même bien plus !

    PS: tu sera toujours le bienvenu chez nous, nous te garderons du poisson, des crabes et des araignées de mer ;)

    Bon continuation, tous nos encouragements t'accompagnent chaque jour !

    Charlie (et ses parent)

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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