14 nov. 2009

Séville me fait danser un drôle de flamenco







La nuit a été chaude. J’ai été obligé d’ouvrir mon sac de couchage pour ne pas étouffer. Il est 8h30 et je sens déjà le soleil qui me chauffe le dos au petit déjeuner. Je suis venu chercher le soleil, je ne suis pas déçu. Il ne faut pas que je traîne aujourd’hui, il faut rejoindre Séville et en sortir avant la nuit. Alors je déroule le braquet toute la matinée d’autant que le vent est moins fort qu’hier. Tout est désespérément plat. Puis vient une butte sans que l’on sache pourquoi avec à son sommet une ville aux façades blanches qui tranchent avec l’ocre de la terre : Villalba, Castilléja, Sarlucar, chaque fois le même scénario à se demander si l’on n’a pas utilisé une photocopieuse. C’est tout de même joli, je ne peux pas le nier. J’arrive dans la banlieue de Séville vers 11h, parfaitement dans les temps. Sur ma carte il n’y a que des autoroutes pour rentrer dans la ville : ça promet d’être coton ! Je passe d’échangeurs en échangeurs et toujours le même panneau « interdit aux vélos ». J’ai beau demandé aux locaux, personne n’est capable de m’orienter. Certains me conseillent de tenter ma chance par là, puis par ici, mais chaque fois c’est interdit. Après une heure à déambuler dans ce royaume pour voitures, je comprends que je ne suis pas à ma place dans cet enfer d’acier et de bitume. Puis par chance je croise un cycliste. Il m’indique qu’il y a une passerelle piétonne datant de l’âge préhistorique qui traverse le Rio Guardiana. Après quelques tours je trouve enfin la passerelle et entre dans Séville. Je dois avouer que la ville est très agréable, il y a de nombreux parcs et des châteaux grandioses. Tout est dans un pur style Andalou. Je vais en plein centre pour voir la cathédrale, sorte de Notre Dame de Paris. Le bâtiment et le parvis sont juste incroyables. Sur les tours de la cathédrale sont sculptés de hauts personnages de l’église avec une finesse remarquable. Les murs de brique me rappellent Albi ou Toulouse mais en dix fois plus gigantesque. Après mon repas et une courte sieste, je décide de vite quitter la ville car il est déjà 14h30 et je sens que ça va être coton ! Et ça le sera. Même topo il n’y a qu’une minuscule route pour sortir et aucun panneau dans la ville. Tous me renvoient évidemment vers les grands axes. Et là commence une belle séance de prise de tête. Je tourne et retourne dans la ville pendant plus de 2h. Je vais un coup au sud, un coup au nord, un coup au port, un coup vers le château. Je vous la fait courte (35 km quand même) mais à ce moment là, ça ne me fait pas rire du tout. Je surchauffe violemment dans cet enfer, le thermomètre de la ville annonce 27°C. Je me prends la tête à tourner en rond pour rien. Puis enfin je trouve la solution à ce casse tête Sévillan. En fait une piste cyclable se cache dans le tremplin central d’une autoroute. J’hallucine complètement, mais je suis soulagé. Maintenant démarre mon contre la montre pour sortir de la banlieue avant la nuit. J’atteins Los Palacios juste à temps. Il y a même un parking couvert dans la zone industrielle. Comme on est samedi, je ne serai pas dérangé. Ca n’est pas le bivouac de rêve comme j’ai pu en trouver ces derniers jours, mais dans la situation actuelle et vu la journée de dingue que je viens de passer, je m’en contente très bien. Je trouverai même quelques grenades que je décortique à la lueur d’un lampadaire. Je me fais une grenadine dans ma gourde et me couche en maudissant cette Andalousie qui me joue de mauvais tours.

1 commentaire:

  1. Tres cherAymeric. Tu en bave sur les routes espagnoles. Ce n'est pas le même accueil qu'au Portugal. Les villes comme Séville sont trop touristiques pour être accueillantes. On y voit plutôt des riches que de pauvres cyclistes comme toi. Mais tiens bon malgré le vent qui te retient. Fais confiance à la providence. Nous pensons toujours à toi et attendons Noël avec impatience. Mamie se joint à moi pour t'envoyer plein de bisous.

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La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein.

La jeunesse est une victoire du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
Douglas MacArthur.

C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l’envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu’on y croise, aux idées qui vous y attendent… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas Bouvier.
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