
Définir l’itinéraire est une part très amusante de la préparation mais aussi l’une des plus complexes. Il peut y avoir énormément de paramètres spatio-temporels à prendre en considération et il n’est pas toujours possible de les concilier. Les principaux qui ont retenu mon attention sont dans le désordre : la distance à parcourir, les curiosités touristiques, le relief, le climat, les saisons, le réseau routier, la densité de population, l’insécurité, etc.
Dans un premier temps, on a envie de tout découvrir. L’excitation du projet vous pousse à dérouler une mappemonde et à cocher d’innombrables lieux comme points de passage incontournables. Une fois la carte à peu près remplie de croix reliées par des traits erratiques slalomant entre les montagnes et les traces de gommes, on se rend à l’évidence : il ne sera pas possible de tout voir. Il faut donc faire des concessions sur ses envies. Pour moi, je ne me limiterai qu’à l’Europe, préférant explorer mon continent en détails plutôt que de survoler le monde.
Et oui ! 25000km c’est un aller retour Paris-Pékin-Paris. Alors pourquoi vouloir tourner en rond en Europe ? Je suis de ceux qui pensent qu’il ne sert à rien d’aller chercher à l’autre bout du monde pour se dépayser. Ce voyage aurait bien pu se cantonner à la France si je l’avais entrepris à pied mais à vélo on peut voir un peu plus grand alors l’idée de se confronter à d’autres cultures m’a paru terriblement séduisante. Et puis pour un voyage qui se veut sous le signe de la liberté, qu’y a-t-il de plus symbolique que de profiter de cet espace formidable nommé Schengen ? Pas de visa, pas de douanes, les frontières s’estompent et nous jouissons alors d’une liberté de circulation sans limite à laquelle je me dois de gouter. Je suis un enfant de l’Europe, né en 1984, je l’ai vu se construire en même temps que moi pour devenir forte, belle et assurée. Alors que je voyais défiler mes anniversaires, l’Europe a elle été jalonnée par les entrées successives dans le clan des 12 puis 15 puis 18 puis 24… Alors que j’entrais dans le monde adulte, l’Europe elle aussi franchissait un cap de taille avec le passage à l’Euro. Je me sens très lié à ces petites étoiles dorées sur fond bleu mais sans pour autant en connaître davantage sur mes nouveaux compatriotes. Ce voyage sera une découverte de toutes ces cultures qui vibrent. Elles sont si proches et si éloignées en même temps.
Belfort, ma ville de naissance devait être le point de départ. Rennes, Toulouse, sont des points de passage obligatoires pour saluer la famille et les amis. Ensuite, l’envie de découvrir le Sud du Portugal, la côte adriatique, Istanbul porte de l’Asie, les fjords norvégiens. Le trajet était déjà quasiment tracé et l’idée de relier les points extrémaux de l’Europe m’est apparu comme une évidence. A noter, qu’Istanbul et le Cap Nord représentent également une symbolique dans un voyage à vélo.
Ensuite, je me suis inquiété du climat. 5 jours consécutifs de pluie ou la canicule à 40°C à l’ombre sont les meilleurs moyens de miner le moral du voyageur à vélo (n’oublions pas le vent, grand ami du cycliste). Pour faire simple, l’idée de base est d’être le plus au Sud possible en hiver, le plus au Nord possible en été et entre les deux au printemps et en automne. Je recherche le soleil l’hiver et la fraicheur l’été, pas bête hein ? J’évite également de passer trop tôt au printemps en Europe de l’Est où les températures peuvent être encore très fraîches la nuit et de traîner trop longtemps en Scandinavie à la fin de l’été où le climat redevient rapidement inhospitalier.
Conscient du défi physique que le voyage peut représenter, j’essaie au maximum d’éviter les chaînes de montagnes en longeant les côtes. Malgré le panorama splendide que l’on doit avoir en haut, je ne monterai pas le mont Ventoux ou le Galibier dans le seul objectif de dire « Je l’ai fait et avec 20kg de bagages !» Je n’exclue pas malgré tout de passer quelques cols sur la toute fin du parcours pour rejoindre le Jura mais tout cela reste de la pure supposition. En restant le long des côtes, je bénéficierai également d’un climat plus doux hiver comme été.
Remarque :
C’est amusant mais en fait les 4 points de passages que je considère comme les extrêmes de l’Europe ne le sont pas du tout ! Parlons uniquement de l’Europe continentale excluant les extrêmes comme des lieux tels que le Sptizberg, la nouvelle Zemble où encore les départements d’outre-mer… A l’Ouest, il est évident par exemple que tout le Portugal est bien plus occidental que Brest. La Punta de Europa à Gibraltar n’est pas la pointe Sud de l’Espagne, ça serait plutôt un cap du côté de Tarifa et le point le plus au Sud de l’Europe est en fait sur l’île de Chypre. Istanbul, l’extrémité Est de l’Europe ? Pas du tout, L’Ukraine est à 80% plus à l’Est et malgré leur position encore plus orientale que l’Anatolie turque, la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont communément considérés Européens pour des raisons culturelles plus que géographiques. Et enfin le Cap Nord. Là quand même me direz-vous ! Ils n’ont pas osé ! Et bien si, le cap Nord n’est pas le point le plus septentrional. Déplacez-vous sur la carte à quelques 100km à l’Est, sur le fjord de Gamvik…
Et bien je te suis fort gré d'avoir emporté un appareil photo pour nous faire partager cette petite balade. Le menu est excitant ! Bonne route mon ami !
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